L’argumentation dans le texte

Éloge de la folie

ÉRASME, Éloge de la folie, XXV

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Invitez un sage à dîner, il est votre trouble-fête par son morne silence ou des dissertations assommantes. Conviez-le à danser, vous diriez que c’est un chameau qui se trémousse.
Entraînez-le au spectacle, son visage suffira à glacer le public qui s’amuse, et on l’obligera à sortir de la salle, comme on fit au sage Caton pour n’avoir pu quitter son air renfrogné.
S’agit-il pour lui de conclure un achat, un contrat ou tel de ces actes qu’exige la vie quotidienne, ce n’est pas un homme, mais une bûche.
Il ne rendra service ni à lui-même, ni à sa patrie, ni à ses amis, parce qu’il ignore tout des choses ordinaires et que l’opinion et les usages courants lui sont absolument étrangers.
Cette séparation totale des autres esprits engendre contre lui la haine. Tout, en effet, chez les hommes, ne se fait-il pas selon la Folie, par des fous, chez des fous ?
Celui qui va contre le sentiment général n’a qu’à imiter Timon et à gagner le désert pour y jouir solitairement de sa sagesse.