BOSSUET, Les Panégyriques, Panégyrique de Saint Bernard
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Vous dirai-je en ce lieu ce que c’est qu’un jeune homme de vingt-deux ans ?
Quelle ardeur, quelle impatience, quelle impétuosité de désirs ! Cette force, cette vigueur, ce sang chaud et bouillant, semblable à un vin fumeux, ne leur permet rien de rassis ni de modéré.
Dans les âges suivants, on commence à prendre son pli, les passions s’appliquent à quelques objets, et alors, celle qui domine ralentit du moins la fureur des autres :
au lieu que cette verte jeunesse n’ayant rien encore de fixe ni d’arrêté, en cela même qu’elle n’a point de passion dominante par-dessus les autres, elle est agitée de toutes les passions avec violence.
Là les folles amours, là le luxe, l’ambition et le vain désir de paraître exercent leur empire sans résistance.
Tout s’y fait par une chaleur inconsidérée ; et comment accoutumer à la règle, à la solitude, à la discipline, cet âge qui ne se plaît que dans le mouvement et dans le désordre, et qui n’est presque jamais dans une action composée ?