D’après Bernard WERBER, Mémoires d’une fourmi, Arcane IV, L’empereur, Albin Michel, 2022
Pour rendre au dialogue sa cohérence et sa gradation, déplacez dans le bon ordre les éléments de la colonne droite vers ceux de la colonne gauche. La typographie est un indice.
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« Qu’est-ce que vous faites comme profession ?
— Eh bien, je suis écrivain.
— Pourquoi êtes-vous écrivain ?
— Pour gagner ma vie.
— Pourquoi voulez-vous gagner votre vie ?
— Pour payer mon loyer.
— Pourquoi voulez-vous payer votre loyer ?
— Pour avoir un endroit pour manger quand je rentre le soir.
— Pourquoi voulez-vous manger ?
— Pour vivre.
— Ah, et pourquoi voulez-vous vivre ?
— Eh bien…
— Ah, vous voyez : vous ne le savez pas.
— C’est que vous me prenez de court !
— Profitez de ce que vous êtes à Bénarès pour vous suicider.
— Vous pouvez répéter ?
— Vous entrerez dans le cycle des réincarnations, jusqu’à la réussite totale.
— Et quelle est cette réussite ?
— Être comme moi… »
En 1991, à l’âge de trente ans, après la publication de son premier roman, Les Fourmis, Bernard Werber se marie et
part en voyage de noces en Inde : une promenade en barque sur le Gange donne lieu à cet étrange dialogue avec
« le jeune homme qui faisait office de gondolier ».
Trente ans plus tard, l’auteur rapporte la scène dans Mémoires d’une fourmi.
Mais le mot « aquoibonisme » et un dialogue similaire, de fiction celui-là sans doute inspiré par cette anecdote, figurent déjà dans le roman Le Souffle des dieux, 102. Retrouvailles, publié en 2005 chez Albin Michel.