Le dialogue

Jean ANOUILH, Antigone, Antigone et Ismène

Personnages : ISMÈNE, ANTIGONE

Pour rendre au dialogue sa cohérence et sa gradation, déplacez dans le bon ordre les éléments de la colonne droite vers ceux de la colonne gauche.

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— Tu sais, j’ai bien pensé, Antigone.
— Oui.
— J’ai bien pensé toute la nuit. Tu es folle.
— Oui.
— Nous ne pouvons pas.
— Pourquoi ?
— Il nous ferait mourir.
— Bien sûr. À chacun son rôle. Lui, il nous fait mourir et nous, nous devons aller enterrer notre frère. C’est comme cela que ç’a été distribué. Qu’est-ce que tu veux que nous y fassions ?
— Je ne veux pas mourir.
— Moi aussi j’aurais bien voulu ne pas mourir.
— Écoute, j’ai réfléchi toute la nuit. Je suis l’ainée. Je réfléchis plus que toi. Toi, c’est ce qui te passe par la tête tout de suite, et tant pis si c’est une bêtise. Moi, je suis plus pondérée. Je réfléchis.
— Il y a des fois où il ne faut pas trop réfléchir.
— Si, Antigone. D’abord c’est horrible, bien sûr, et j’ai pitié moi aussi de mon frère, mais je comprends un peu notre oncle.
— Moi je ne veux pas comprendre un peu.
— Il est le roi, il faut qu’il donne l’exemple.
— Moi, je ne suis pas le roi. Il ne faut pas que je donne l’exemple, moi…
— Allez ! Allez !… J’ai raison plus souvent que toi.
— Je ne veux pas avoir raison.
— Essaie de comprendre au moins !
— Comprendre ! Vous n’avez que ce mot à la bouche, tous, depuis que je suis toute petite.