Le fil du récit

L’oreille fine

Jules RENARD, La lanterne sourde, 1893

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Monté sur une chaise pour attraper ma mouche bleue, j’accroche soudain la glace. Ses clous usés cèdent. Elle se renverse et pousse la pendule qui entraîne avec elle les chandeliers, le pot à tabac et les deux grands vases vides.
Tout s’écroule et se brise.
J’ai peut-être démoli la cheminée et je reste longtemps frappé de stupeur, comme si je regardais à mes pieds un tonnerre éclaté. Le chien aboie dans la cour.
De la chambre voisine, grand-père, malade et couché, m’appelle :
« Il me semble que j’ai entendu un bruit, petit ? qu’est-ce donc ?
—  Rien, grand-père, dis-je sans savoir ce que je dis, j’ai laissé tomber mon porte-plume.
—  Ton porte-plume, petit ! ton porte-plume ! »
Grand-père n’en revient pas ; il se soulève sur un coude, montre une bonne figure contente, et me tapotant la joue :
« Hein ! petit, moi qu’on croyait déjà sourd, comme j’ai encore l’oreille fine ! »