Orthographe enfin

Le chat et la tortue

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   Pierrot, le chat, et Lili, la tortue, ne se quittent plus. En huit ou neuf années, la tortue n’a pas dépassé la taille d’une coquille Saint-Jacques moyenne. Elle est vive, plate, elle a l’œil et l’oreille actif. Elle sursaute joyeusement à entendre son nom, et accour, si elle n’est pas prisonnière de son cag. Libre, elle franchit le seuil de son rez-de-chaussée ; puis-je écrire qu’elle s’élance dans le jardin ? C’est alors que commence l’angoisse de son chat affectueux qui la rejoin, lui parle, la repousse de la patte dans le bon chemin. Mais elle est ostinée, et le chat la promène à la manière dont nous promenons un chien, je veux dire qu’il la suit. Quand elle aborde une région dangereuse trop peuplée d’enfants, il se couche sur elle, la couvre de son corp blanc et noir. Il lui fait croire que l’heure de la siste est venue, et, gagnée par la chaleur de son compagnon, elle se laisse couver. Hors du ventre blanc, pointe la petite tête reptilie, pavée d’écailles, que le matou contemple avec amour. S’il quitte, le premier, le cag commun, Lili-la-Tortue se tient debout, appuyée à la paroi, sur ses pattes de derrière, jusqu’à ce qu’une bonne âme la délivre.

   COLETTE, Paris de ma fenêtre