L’art du portrait

La Péchina

Les portraits qui suivent se présentent comme des arbres dépourvus de leur feuillage et de leurs fruits. Le texte est grammaticalement correct mais nombre de « caractérisants » ont été gommés, regroupés dans la fenêtre ci-dessous. Pour « colorer » le texte comme son auteur s’y est essayé, récrivez-les avec votre clavier à la place qui leur convient. Le bouton « Aide » offre une première lettre. Attention ! une faute de frappe et la réponse est incorrecte.

   brillants, vernis, bien coupés      céleste      comme la senteur des daturas1      de topaze2      divin      espèces de      fins et longs      grands      grosses      la richesse de la lumière      quoique roussi      une organisation vivace   
   À treize ans, La Péchina avait achevé sa croissance quoiqu’elle eût à peine la taille d’un enfant de son âge. Sa figure devait-elle à son origine ou au soleil de la Bourgogne ce teint à la fois sombre et brillant, sombre par la couleur, brillant par le grain du tissu. La vivacité, l’éclat, faisaient de ses yeux deux étoiles. Comme à tous ces yeux pleins de soleil, et qui veulent peut-être des abris puissants, les paupières étaient armées de cils d’une longueur presque démesurée. Les cheveux, d’un noir bleuâtre, , abondants, couronnaient de leurs nattes un front coupé comme celui de la Junon antique. Ce magnifique diadème de cheveux, ces yeux arméniens, ce front écrasaient la figure. Le nez, quoique d’une forme pure à sa naissance et d’une courbe élégante, se terminait par des naseaux chevalins et aplatis. La passion retroussait parfois ces narines et la physionomie contractait alors une expression furieuse. De même que le nez, tout le bas de la figure semblait inachevé, comme si la glaise eût manqué dans les doigts du sculpteur. Entre la lèvre inférieure et le menton, l’espace était si cour qu’en prenant La Péchina par le menton on devait froisser les lèvres ; mais les dents ne permettaient pas de faire attention à ce défaut. Vous eussiez prêté des âmes à ces petits os fins, , transparents, et que laissait facilement voir une bouche trop fendue. La lumière passait si facilement à travers la conque des oreilles qu’elle semblait rose en plein soleil. Le teint, , révélait une merveilleuse finesse de chair. La douceur de cette peau devait être active et pénétrante . La poitrine, de même que le corps, effrayait par sa maigreur ; mais les pieds, les mains, accusaient une puissance supérieure, .

   Honoré DE BALZAC, Les Paysans, Première partie, chap. 11

1 Daturas : plante originaire d’Inde, toxique et ornementale.

2 Topaze : du nom d’une île de la Mer Rouge, pierre fine de couleur jaune.