Que suis-je ?
Vertus diététiques de « Cours toujours »
Si « Cours toujours » est reconnu pour ses qualités didactiques, il serait regrettable que ses vertus diététiques et hygiéniques vous échappassent.
Ainsi nos pages se révèlent-elles pauvres en graisse et en sucre : FreeFind en dénombre respectivement (cette page non retenue) trois et huit occurrences pour plus de mille pages ; les résultats de la recherche indiquent également une faible teneur en sel : guère plus de treize grains au total. De plus, le site est garanti sans colorant, conservateur ou substitut, comme l’aspartame.
En revanche, les fruits sont présents en grande quantité ; le site est également riche en fer (indice trente‑deux) ; vitale non par ce qu’elle contient mais par ce qu’elle ne contient pas, l’eau se retrouve sur une bonne centaine de pages. En outre, le moteur de recherche relève quatre‑vingts occurrences du mot exercice et vingt‑quatre du mot sommeil.
Toujours soucieux de préserver les ressources de la terre et de respecter l’environnement, le site se révèle un consommateur très modéré de viande , se passe de tout hydrocarbure et ne propage pas de dioxyde de carbone.
Nous reconnaissons toutefois que des progrès restent à faire. Ainsi le taux de fibres est encore insatisfaisant. Et, si faiblement alcoolisé que soit le produit, FreeFind y recense un taux d’alcool de sept pour mille ; de même la cigarette y est-elle mentionnée cinq fois.
Logiciels bruxellois
Dans le domaine informatique, la langue anglaise recourt largement au suffixe « -ware » : shareware, hardware, freeware, netware, etc. Et les Belges ? Non peut-être ! Nous avons à Bruxelles nos programmes, et nous ne sommes pas peu fiers d’en exposer la gamme, avec l’accent bruxellois bien sûr…
Homographes hétérophones
Sortant de l’abbaye où les poules du couvent couvent, je vis ces vis. Nous portions nos portions, lorsque mes fils ont cassé les fils. Je suis content qu’ils vous content cette histoire. Est-il de l’Est, mon premier fils est fier et l’on peut s’y fier. Ils n’ont pas un caractère violent et ne violent pas leurs promesses, leurs femmes se parent de fleurs pour leur parent. Elles ne se négligent pas, je suis plus négligent. Elles excellent à composer un excellent repas avec des poissons qui affluent de l’affluent. Il convient qu’elles convient leurs amis, elles expédient une lettre pour les inviter, c’est un bon expédient. Il serait bien que nous éditions cette histoire pour en réaliser de belles éditions.
Curiosités
Pronoms indéfinis
Ce n’est la faute à Personne !
Il était une fois quatre individus qu’on appelait Tout le monde, Quelqu’un, Chacun et Personne. Or un travail important était à faire. Tout le monde en fut chargé. Mais Tout le monde était persuadé que Quelqu’un s’en acquitterait. Chacun aurait en effet pu prendre l’initiative mais Personne ne le fit.
Quelqu’un se fâcha car c’était le travail de Tout le monde !
En fin de compte, Tout le monde fit des reproches à Chacun parce que Personne n’avait fait ce que Quelqu’un aurait pu faire.
Moralité :
Loin d’adresser un reproche à Tout le monde, il serait bon que Chacun fasse ce qu’il doit sans nourrir l’espoir que Quelqu’un le fera à sa place ! Car l’expérience montre que là où l’on attend Quelqu’un, généralement on ne trouve Personne !
C3 M355463 P4R417 B13N D1FF1C1L3 4 L1R3,
M415 V07R3 C3RV34U 5’4D4P73 R4P1D3M3N7.
L35 PR3M13R5 P45 50N7 P3U7-37R3 4RDU5,
V0U5 C0N574732 70U73F015 4 PR353N7
QU3 V0U5 PR06R35532 54N5 P31N3.
L’3XP3R13NC3 PR0UV3 3N 3FF37
QU3, 54N5 3FF0R7 516N1F1C471F D3 L3C7UR3,
L3 C3RV34U 7R4N5P053 4U70M471QU3M3N7.
50Y32 F13R D3 V07R3 P3R5P1C4C173
C4R C3R741N35 P3R50NN35 R3N0NC3N7.
51 V0U5 4V32 R3USS1 4 L1R3 C3 73X73,
D1FFU532-L3 4U70UR D3 V0U5.
Des pourquoi et des comment
Dictée infernale
Monsieur Lamère a épousé Mademoiselle Lepère. De ce mariage est né un fils aux yeux pers. Monsieur est le père, Madame est la mère. Les deux font la paire. Le père, quoique père, est resté Lamère, mais la mère, avant d’être Lamère était Lepère. Le père est donc le père sans être Lepère, puisqu’il est Lamère et la mère est Lamère, bien que née Lepère. Aucun des deux n’est maire. N’étant ni le maire ni la mère, le père ne commet donc pas d’impair en signant Lamère. Le fils aux yeux pers de Lepère deviendra maire. Il sera le maire Lamère, aux yeux pers, fils de Monsieur Lamère, son père, et de Mademoiselle Lepère, sa mère.
La mère du maire meurt et Lamère, père du maire, la perd. Aux obsèques, le père de la mère du maire, le grand-père Lepère, vient du bord de mer et marche de pair avec le maire Lamère, son petit-fils. Les amis du maire, venus pour la mère, cherchent les Lamère, ne trouvent que le maire et Lepère, père de la mère du maire, venu de la mer, et chacun s’y perd !
Pas si simple !
Un grand malheur est arrivé à l’abbaye Saint-Dick et j’ai la pénible mission de vous en faire part.
Mardi soir, pendant que l’abbé Nédictine donnait les dernières grâces, l’abbé Quille perdit l’équilibre dans l’escalier et tomba inanimé dans les bras du père Iscope. Le père Turbé fit clore la cérémonie
Les révérends pères, en perdant l’abbé Quille, perdaient leur seul soutien. Le père Sécuteur lui-même était affligé. Seul restait joyeux le père Fide. Mais le père Cutant le pria sévèrement de compatir. Quant à l’abbé Tise, il n’y comprenait rien. Il aurait bien voulu que le saint Plet l’éclairât mais ce fut peine perdue.
Le père Iphérique courut chercher le père Manganate et le père Itoine, les deux médecins de l’abbaye. Ils tentèrent vainement de ranimer le malheureux. Ils le confièrent au père Manant, qui contacta la sœur Ingue et la mère Curokrome, du couvent voisin. Mais elles ne surent que répondre. Le père Imé constata le décès.
Le lendemain fut célébré l’enterrement. Chacun fut appelé à l’abbaye par les célèbres cloches du père Sonnage. La messe fut dite sur une musique de l’abbé Thoven. Le père Ocquet fut chargé du sermon et comme il n’y avait pas de chaire, il monta sur les épaules du père Choir. À la fin de l’homélie, le père Cepteur fit la quête et remit les dons ainsi recueillis à notre frère africain, l’abbé N’Pé.
Après la messe, une grande discussion s’engagea pour le transport de la bière : l’abbé Cane et l’abbé Trave voulaient passer par les champs. Le père Clus s’y opposa. L’abbé Casse et le père Midechasse en furent enchantés. Le père San avec sa tête de turc ne voulait rien entendre tandis que le père Vers et le père Nicieux semaient le doute dans les esprits. Finalement on décida que, comme à l’accoutumée, l’abbé Taillère serait chargé du transport de la dépouille.
Devant la tombe creusée par le père Forateur et en l’absence du père Missionnaire, l’abbé Nédiction donna l’absolution, le père Pétuel évoqua le repos éternel. Le père Venche et l’abbé Gonia avaient joliment fleuri le cercueil. La tombe fut couverte d’une pierre préparée par l’abbé Tonneuse.
À l’heure du retour, le spectacle fut déchirant. Le père Pendiculaire était plié en deux de douleur. L’abbé Vitrée était lui aussi couvert de larmes. C’est en compagnie du frère du père Igord qu’ils rentrèrent finalement tous les trois avec la mère Cédès.
À l’arrivée, le père Sil et l’abbé Chamelle préparèrent le repas, à la place de l’abbé Ration, selon les recettes du saint Doux. Le père Nod et le père Collateur servirent à boire et chacun put se remettre de ses émotions.
L’abbé BICI
En français, le pluriel du nom et de l’adjectif qualificatif se forme le plus souvent par l’ajout au singulier du suffixe ‑s ou ‑x. Mais on rencontre des cas moins évidents : un monsieur, des messieurs ; un œil, des yeux ; le bétail, les bestiaux – sans parler du pluriel de certains noms étrangers. Faut-il dès lors s’étonner de la liste que voici ?
Définitions en marge des dictionnaires
Une discussion entre le verbe Être et le verbe Avoir
Dans une classe abandonnée pour la récréation, le verbe Être et le verbe Avoir se prirent de querelle. Dressés sur les grammaires qui les élevaient au-dessus des autres verbes, appuyés sur tous les dictionnaires, armés de leurs règles redoutables, ils échangeaient des plaintes réciproques et se disputaient la priorité. Leurs malheurs communs les maintinrent d’abord en bonne harmonie :
— Quel triste sort que le nôtre ! disait Être. En notre qualité de verbes, et des plus employés, peut-on être aussi maltraités et aussi estropiés que nous le sommes journellement par ces maudits écoliers ?
— Hélas, à qui le dites-vous ! gémit Avoir. Nous ne sortons de leurs mains que méconnaissables.
— Mon Dieu, repartit Être, je conviens qu’avec vous il est difficile de s’accorder. Voyez un peu tout ce que vous exigez de vos infortunés participes, et ce que devient l’accord avec vous qui ordonnez au complément de vous précéder comme un suisse précède une noce ; sans quoi, vous restez immuable devant le nombre aussi bien que devant le genre – ce qui par parenthèse est peu galant. Tandis que moi, n’ai-je pas l’humeur la plus accommodante ? Je m’accorde avec le sujet, fût-ce le plus mauvais sujet ! Mes participes sont trop heureux et, en vérité, je mériterais plus d’égard.
— Ouais ! s’écria Avoir, et vos verbes pronominaux que vous accompagnez toujours, qu’en dites-vous ? Trouvez-vous par hasard que l’accord y soit facile ?
— Eh, parbleu ! c’est que vous y intervenez implicitement et que vous venez tout brouiller : la question se pose par vous, et l’on ne saurait trouver d’humeur plus variable.
— Que parlez-vous de mon humeur et de mon caractère fantasque ? répliqua Avoir. Ne vous suis-je pas uni de toute éternité ? Et votre passé peut-il se conjuguer sans moi ? Vous ai-je jamais refusé mon concours ? Mais qu’attendre de ces jeunes barbares qui ne connaissent vraiment qu’un temps : celui de la récréation ; qu’une personne : la leur ; qu’un mode : le mode subversif inventé par eux pour renverser les règles ?
— Je soutiens, répliqua Être, qu’on leur pardonnerait encore les fautes qu’ils commettent avec vous, qui ne venez qu’en second lieu, mais qu’ils sont sans excuses d’être incorrects avec moi.
— Qu’entendez-vous par « en second lieu », je vous prie ? réclama Avoir d’un ton acerbe.
— Ne suis-je pas le premier, le principe même de tous les verbes ? Le verbe substantif, où tout puise sa substance et sa raison… sa raison d’être, enfin ! s’exclama Être avec une fierté superbe.
— Possible ! reprit Avoir en supprimant le mot « c’est », qui rappelait son rival, possible ! mais convenez que sans moi vous ne pourriez-vous conjuguer. Vos passés ne vivent-ils pas de mes présents ? Ingrat ! Moi je puis me considérer comme le premier des verbes, puisque je n’ai besoin d’aucun autre que moi : je trouve ma propre substance en moi-même et je ne fais pas d’emprunt. J’ai ! Cela suffit.
— Je suis ! Cela dit tout, reprit Être en se redressant. Que dit la grammaire, je vous prie ? « Il n’y a en réalité qu’un verbe : le verbe être, dont tous les autres ne sont que les attributs. Aimer, c’est être aimant ; avoir, c’est être ayant. »
— Permettez !
— Laissez-moi achever, de grâce ! Que dit Shakespeare par la bouche d’Hamlet en qui s’incarne le plus grand problème humain ? « Être ou ne pas être » ! Comment appelle-t-on Dieu ? L’Être suprême ! Qu’est-ce que transmettre la vie ? C’est donner l’être !… Enfin, que serait-ce qu’avoir sans être ?
— Et qu’est-ce qu’être sans avoir ? s’écria celui-ci, frappant sa poitrine qui rendit un son argentin. Si vous êtes la vie, je suis celui qui l’entretient !
— Puisqu’on doit s’abaisser à un langage tel que le vôtre pour se faire comprendre, dit Être impatienté, je vous répondrai que le but suprême de ce siècle, c’est, hélas ! le bien-être* !
— Finissons ! cria Avoir tout écumant. Vous m’avez insulté : vous m’en rendrez raison !
— Raison ? riposta Être avec un geste de mépris, nous sommes les fils de la grammaire, nous n’avons rien à voir avec ce mot.
— Vous m’entendez bien ! reprit Avoir. Ce débat ne mène à rien. Battons-nous alors. Voici nos règles : nous n’avons pas le choix des armes.
— Mais elles sont inégales, réclama Être. Voyez comme les miennes sont courtes et simples, comme les vôtres sont longues, tortueuses, épineuses ! Je préfère en appeler au jugement de tous les verbes.
Et levant la règle d’un geste d’autorité, il fit surgir toute la troupe des verbes, qui allèrent se ranger près de chaque champion selon l’ordre prescrit par la grammaire. Les verbes passifs et pronominaux, autour de l’auxiliaire Être ; les verbes actifs, auprès de l’auxiliaire Avoir ; les verbes neutres se divisèrent et rejoignirent leur drapeau respectif.
— Je crois, dit Être en comptant les bannières, que j’ai déjà la majorité.
— Ne chantez pas victoire, dit Avoir. Vous avez trois armées, je n’en ai que deux ; mais mes troupes sont actives, les vôtres ne sont que passives.
— Eh bien ! elles m’obéiront passivement ! s’exclama Être.
— Elles me serviront activement, répliqua Avoir.
Le verbe Raisonner sortit des rangs. Il prit la parole sur un ton modéré pour calmer l’assistance et proposa une issue pacifique à ce débat qui menaçait de dégénérer en escarmouche sanglante :
— Mes amis, conclut-il, je pourrais vous prouver, pour vous mettre d’accord, que le premier verbe, c’est moi ! Qui donc fait de l’homme le roi de la création ? La Raison. Et c’est parce qu’il est une créature raisonnable qu’il domine le monde. Mais précisément parce que je suis la Raison même, je serai modéré. Appelons-en au jugement des quatre chefs de conjugaison : je les présiderai.
Les deux adversaires firent un geste de consentement. Les verbes Aimer, Finir, Recevoir et Rendre s’avancèrent. Le verbe Aimer prit la parole : son regard était tendre, son geste caressant, sa voix persuasive.
— Oh ! mes amis, que ce débat m’est douloureux et que toute querelle est un spectacle désolant pour moi ! Aimez-vous les uns les autres, n’est-ce pas la plus belle règle de la plus belle des grammaires, celle du cœur ! Je pourrais, moi aussi, revendiquer la priorité sur tous : ne suis-je pas le principe de toute vie ? Croyez-moi, mes amis, comme étant à la fois par mon origine et ma destinée le plus vieux et le plus éternellement jeune. J’ai dit !
Et son regard rayonnant embrassa toute l’assemblée. La parole était au verbe Finir, mais il fit un geste de dénégation et dit qu’il désirait parler le dernier. Les verbes Recevoir et Rendre se présentèrent ensemble, prouvant à tour de rôle que la guerre était une sotte chose, où il n’y avait que des coups à recevoir et où le mot « se rendre » était mal reçu. Ils furent peu bavards mais très polis, et se rendirent des hommages réciproquement reçus.
— À moi donc ! dit le verbe Finir, s’avançant d’un pas fatigué et promenant autour de lui son regard éteint. Je trouve que vous ergotez tous sur des mots. Mon camarade Aimer a prouvé qu’il était le premier mot de l’humanité ; n’est-il pas démontré que j’en suis le dernier ? Or dans une discussion, et nous y sommes, avoir le dernier mot, n’est-ce pas l’emporter sur tous les autres ? Mais je ne suis pas d’humeur folâtre ; mon rôle n’est pas de plaisanter, car mon sort est triste. Redouté des heureux, je ne suis sollicité que par la souffrance et, dans tous les cas, mes sujets sont affligés. Mais, puisque par respect des convenances et de l’étymologie, vous m’avez laissé parler le dernier, voici mon avis. En somme, de quoi s’agit-il ? D’établir la suprématie du verbe Être et du verbe Avoir ? Eh ! mon Dieu, qu’importe ! Je les trouve bien hautains tous les deux, vraiment ! et la vérité me paraît ceci : c’est qu’ils auront beau dire, ils ne seront jamais, après tout, que nos auxiliaires.
Cet avis ayant rallié l’immense majorité, on se sépara. Les deux champions se regardèrent un instant en silence, d’un air assez piteux. Quand un bruit de pas et de voix remplit la salle encore vide. Les deux auxiliaires se rapprochèrent par un mouvement spontané et, se serrant la main, dirent en regardant les écoliers qui entraient :
— Gare à nous, voilà l’ennemi !