Avec les fêtes, les deux semaines de congé d’hiver ont fondu comme neige au soleil. Ils sont toutefois heureux, semble-t-il, de me retrouver :
— Monsieur, après tous ces jours sans se voir, dites-nous, est-ce qu’on vous a manqué ?
— Oui, sans doute : oui, mais… jamais de respect !
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— C’est vrai, Monsieur, qu’un élève vous a frappé ?
— Oui, par sa grande intelligence !
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— Ah ! Monsieur, vous étiez là ?
— Oui, je suis las, très las, immensément las.
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— Ah ! Monsieur, vous étiez là ?
— Oui, et j’aime autant vous dire que je suis un peu là !
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— Monsieur, puis-je poser une question ?
— C’est fait !
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— Monsieur, puis-je poser une question ?
— Bien sûr ! Posez-la sur l’appui de fenêtre, avec les autres.
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— En tout cas, elle sait causer !
— Parfois un peu trop même…
— Oui, pour causer, en effet, elle cause bien… des ennuis !
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— Je n’ai pas reçu d’intructions…
— C’est dommage, pour un professeur !
Cette remarque a dû mettre tout le monde mal à l’ s.
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Les vitres des fenêtres sont tartinées d’une épaisse couche de farine et d’œufs écrasés. C’est la Saint‑Verhaegen, les étudiants viennent de quitter notre établissement.
— C’est pas tout ça mais il va maintenant falloir nettoyer. On n’a pas fini de terminer !
— Aucune raison de se plaindre, on a peut-être évité le pire ! Ne dit-on pas : « Quand vole un œuf, vole un bœuf » ?
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Suite à un récent déménagement, je me présente dans une agence bancaire plus proche de ma nouvelle habitation.
— Je suis nouveau dans le quartier : je voudrais domicilier mon compte dans votre agence.
— C’est vous le nouveau propriétaire de cette maison qui a été incendiée la nuit dernière et à cause de laquelle on a dû barrer la rue ?
— Non, madame, je sors de ma classe, simplement.
M. BACKELJAU