— Le subjonctif présent se forme, en règle générale, sur la première personne du pluriel de l’indicatif présent.
On entend en sourdine : « Il fait chaud, ouvre la fenêtre. »
— Je dis bien de l’indicatif. Ainsi, le verbe « peindre »…
On réplique aussitôt : « T’es folle ? J’ai la crève ! »
— … le verbe « peindre » fait à l’indicatif présent : nous peignons…
La demoiselle s’enquiert : « Qui on a après ? »
— … nous peignons ; donc : Il faut que je peigne.
La demoiselle poursuit : « Math, tu dis ? Passe-moi ton devoir, que je le copie. »
— Autre exemple : « écrire » fait à l’indicatif présent : nous écrivons…
La demoiselle complète : « T’as pas une feuille d’interro aussi ? »
— Donc : Il faut que j’écrive. Voici une dizaine de verbes à l’infinitif. Conjuguez-les d’abord à l’indicatif présent, ensuite au subjonctif présent.
La demoiselle s’insurge : « Qu’est-ce qu’il a dit ? Je ne comprends pas. Il explique rien. On en a marre à la fin ! »
♦
Ils rentrent de la récréation :
— Oh ! Monsieur, vous avez dessiné un arbre au tableau !
— Oui, comme vous le voyez. C’est l’arbre de la famille du mot clair. D’ailleurs, je note le mot sur le tronc, voilà. Vous pourrez reproduire le schéma au cahier dans un instant.
X. se lève et interpelle une condisciple : « T’as pas des crayons ? »
On fouille dans un plumier bruyant, qui échappe des mains et tombe.
— Vous le remarquez : le tronc se divise en deux branches symétriques, est-ce que vous savez pourquoi ?
Tous restent sur une prudente réserve. Mais la demoiselle s’inquiète : « T’as pas un taille ? Tes crayons i’s ont plus de pointe ! »
— Le tronc représente donc le mot clair, et les branches les mots de sa famille. La branche gauche donnera les mots dérivés clairière, clairement, et ainsi de suite ; la branche droite présente une variante de clair : son radical clar, qui engendrera les mots dérivés clarté, clarifier, et cætera*.
La demoiselle d’intervenir : « Dis, t’as pas une gomme, aussi, une blanche plutôt, oui : celle-là ! »
— Vous vient-il à l’esprit d’autres mots qui pourraient compléter les deux branches de cette famille ?
Plusieurs termes me sont proposés comme clairon et clarinette : je les note au-dessus des autres, dans leur colonne respective. Je demande alors de quel côté écrire clairet, clarine, claire, clarisse.
La demoiselle insiste : « Zut ! j’ai oublié ma latte. Y a pas quelqu’un qu’a une latte ? »
— Écoutez, X., non seulement vous venez sans votre matériel mais vous dérangez vos camarades et les empêchez de se concentrer !
La demoiselle s’indigne : « J’en ai rien à faire de vos remarques, je fais comme je veux. Et puis, pourquoi vous écouterais-je ? Vous n’expliquez jamais rien. Vous faites exprès de nous empêcher de comprendre, ça vous fait marrer, et puis c’est nous qui échouons ! »
M. BACKELJAU
D’autres tournures de la langue parlée populaire sont aussi textuellement transcrites :
• l’absence d’inversion dans la phrase interrogative
(« Qui on a après ? ») ;
• certaines élisions
(« T’as » pour « Tu as ») ;
• voire toutes ces constructions ensemble
(« Y a pas quelqu’un qu’a une latte ? »).