L’argumentation dans le texte

De la curiosité

Avec votre clavier, insérez là où il convient les connecteurs logiques regroupés ci-dessous, pour rendre son sens à l’argumentation.

   à peine      ainsi      au lieu que      C’est pour cela que      c’est-à-dire      Comme      enfin      et      lorsque      Mais      mais quand      mieux … que      parce que      seulement   
   Par-là on peut expliquer la raison pourquoi nous avons du plaisir nous voyons un jardin bien régulier, et que nous en avons encore lorsque nous voyons un lieu brut et champêtre : c’est la même cause qui produit ces effets. nous aimons à voir un grand nombre d’objets, nous voudrions étendre notre vue, être en plusieurs lieux, parcourir plus d’espace ; notre âme fuit les bornes, elle voudrait pour ainsi dire étendre la sphère de sa présence : c’est un grand plaisir pour elle de porter sa vue au loin. comment le faire ? Dans les villes, notre vue est bornée par des maisons ; dans les campagnes, elle l’est par mille obstacles : pouvons-nous voir trois ou quatre arbres. L’art vient à notre secours, et nous découvre la nature qui se cache elle-même. Nous aimons l’art, et nous l’aimons mieux que la nature, la nature dérobée à nos yeux : nous trouvons de belles situations, quand notre vue en liberté peut voir au loin des prés, des ruisseaux, des collines, et ces dispositions qui sont pour ainsi dire créées exprès, elle est bien autrement enchantée que lorsqu’elle voit les jardins de Le Nostre ; la nature ne se copie pas, l’art se ressemble toujours. dans la peinture nous aimons un paysage le plan du plus beau jardin du monde : c’est que la peinture prend la nature là où elle est belle, là où la vue se peut porter au loin et dans toute son étendue, là où elle est variée, là où elle peut être vue avec plaisir.

   MONTESQUIEU, Essai sur le goût dans les choses de la nature et de l’art