Descriptions de choix

   Anvers, sa cité natale, , féconde, , , éprise de joies terrestres et d’éternité ; Anvers vue, non pas en elle-même, historiquement, mais à travers , une prodigieuse floraison d’artistes, de peintres, de poètes, d’architectes, d’écrivains, de commerçants, de marins, d’hommes de guerre, de meneurs d’homme et de manieurs d’or, . Côte à côte, au hasard, et pêle-mêle, à travers les âges, la lente montée de l’humanité, l’existence d’un Rubens, d’un Van Dyck, d’un Teniers, d’un Jordaens, la sagesse d’un Plantin, la lente histoire d’obscures générations d’artisans artistes, au fond de leurs échoppes ; la ténacité d’une famille d’armateurs, bourgeois orgueilleux, mais mécènes, et banquiers des rois ; l’odyssée d’une communauté paysanne ; l’histoire d’un Polder, marais arraché à la mer, lentement asséché, , coupé de watergangs, devenant wateringue, planté de pins durant un demi-siècle, exhaussé et tapissé d’un mince humus, et finalement transfiguré en ce miracle joyeux, , de la Flandre : un champ de dahlias ; la montée de la cathédrale, la conquête de l’océan, l’indépendance maritime et politique, l’extension illimitée ; la bataille contre la mer, l’Escaut, les sables, le sel, l’inondation – et en même temps, la quête de l’eau, de l’eau qu’on puisse boire. Et de ce foisonnement, indirectement, se dégagerait la grande figure d’Anvers, dans son rayonnement à travers le monde et à travers les temps. Au fond, ce serait un peu le roman d’un millénaire, d’une race, d’une cité, d’un effort, où les générations, les hommes, , vivraient et mourraient comme les cellules d’un organisme géant, sans altérer son unité – et en parachevant son épanouissement.

   Maxence VAN DER MEERSCH, L’empreinte du Dieu