Orthographe enfin

Le tourniquet des acheteuses

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   Alors, Denise eut la sensation d’une machine, fonc à haute pression, et dont le branle aurait gagné étalages. Ce n’étaient plus les vitrines froides de la matinée ; maintenant, elles comme chauffées et de la trépidation intérieure. Du monde les regardai, des femmes arrêtées s’écrasaient devant les glaces, toute une foule brutale de . Et les étoffes vivaient, dans cette passion du trottoir : les dentelles avaient un , retombaient et cachaient les profondeurs du magasin, d’un air troublant de mystère ; les pièces de drap elle-même, épaisses et carrées, respiraient, soufflaient une tentatrice ; tandis que les se cambraient davantage sur les mannequins qui prenaient une âme, et que le grand manteau de velou se gonflait, souple et tiède, comme sur des épaules de chair, avec les battements de la gorge et le frémissement des reins. Mais la chaleur d’usine dont la maison flambait, venait surtout de la vente, de la bousculade des comptoirs, sentait derrière les murs. Il y avait là le ronflement continu de la machine à l’œuvre, un enfournement de clientes, entassées devant les rayons, étourdi sous les marchandises, puis jetées à la caisse. Et cela réglé, organisé avec une rigueur mécanique, tout un peuple de femmes passant dans la force et la logique des .

   Émile ZOLA, Au bonheur des dames, chap. 1