L’art du portrait

Miss Martha Collins

Les portraits qui suivent se présentent comme des arbres dépourvus de leur feuillage et de leurs fruits. Le texte est grammaticalement correct mais nombre de « caractérisants » ont été gommés, regroupés dans la fenêtre ci-dessous. Pour « colorer » le texte comme son auteur s’y est essayé, récrivez-les avec votre clavier à la place qui leur convient. Le bouton « Aide » offre une première lettre. Attention ! une faute de frappe et la réponse est incorrecte.

   à la peau brune      à rayures rouges et bleues      épais      étroites      avec hostilité      cher aux fictions      comme une branche morte      curieusement      délibérément      immenses      même de politesse      mais sans méchanceté      ou si mécontente      sans s’en apercevoir   
   Dalgliesh passa une demi-heure plutôt agréable avec l’intendante, Miss Martha Collins. C’était une femme maigre, , fragile et cassante , qui donnait l’impression de n’avoir plus un gramme de moelle dans ses os desséchés. On aurait dit qu’elle s’était petit à petit ratatinée dans ses vêtements, . Sa blouse de travail en coton beige, qui pendouillait depuis ses épaules jusqu’aux mollets, était serrée à la taille par une ceinture d’écolier . Ses bas tombaient en accordéon sur ses chevilles. Elle avait des pieds disproportionnés par rapport au reste de son corps, à moins qu’elle ne portât des chaussures de deux pointures plus grandes que nécessaire. Elle s’était présentée dès qu’on l’avait convoquée, avait pris place sur une chaise en face de Dalgliesh, ses pieds solidement écartés, et l’avait dévisagé , comme pour l’avertir qu’elle était décidée à se montrer particulièrement récalcitrante. Elle ne lui accorda pas un sourire, , de tout l’interrogatoire. Dalgliesh se demanda si son ton acide et son aspect obstinément rébarbatif ne faisaient pas partie d’une mise en scène très calculée. Quarante ans plus tôt, elle avait peut-être décidé de jouer ce personnage typique des hôpitaux, ce tyran domestique qui traite tout le monde, depuis la directrice jusqu’à la jeune femme de ménage, avec une égale irrévérence. Et elle avait trouvé son rôle si réussi qu’elle ne l’avait jamais abandonné… Elle bougonnait tout le temps,  ; pour la forme, en quelque sorte. Dalgliesh la soupçonnait d’adorer son travail et de n’être pas si malheureuse qu’elle en avait l’air.

   Phyllis Dorothy JAMES, Meurtres en blouse blanche, éd. Fayard, 1988, traduction française de Michèle HECHTER