L’art du portrait

Un poète

Les portraits qui suivent se présentent comme des arbres dépourvus de leur feuillage et de leurs fruits. Le texte est grammaticalement correct mais nombre de « caractérisants » ont été gommés, regroupés dans la fenêtre ci-dessous. Pour « colorer » le texte comme son auteur s’y est essayé, récrivez-les avec votre clavier à la place qui leur convient. Le bouton « Aide » offre une première lettre. Attention ! une faute de frappe et la réponse est incorrecte.

   bien à lui      comme une glaise      dans la structure de      de s’emporter      de symboles cyclopéens      du gracieux      du grand      et barbare      et comme enfantine      heurté, chaotique      mal équarris, mal ajustés      poignantes      puissante      sauvage      une lourdeur   
   Barbare, il l’était même dans son verbe. Il maniait les mots avec une espèce de maladresse , une gaucherie, , qui arrivaient à de frappants effets. On eût dit que les mots mêmes se battaient entre eux. Il bâtissait sa phrase comme un mur de granit, à gros blocs frustes, , mais indestructiblement, et dans un élan irrésistible, qui le faisait atteindre tout de même à une sorte de grandeur. Et il s’était ainsi créé une manière de poésie, de lyrisme , emporté, , mais d’une magnifique vigueur. Et comme les primitifs aussi, il trouvait quelquefois, après un débordement de fougue, d’images, , un court instant d’émotion délicate, , et qui vous étreignait le cœur.
   Il aimait parler. Les mots lui venaient d’abondance, préparaient le travail de la plume. Il parlait avec des gestes, pétrissant le vide, façonnant ses mots et ses phrases avec les mains, . Il s’exaltait aisément. Il avait une façon de s’élever, sans s’en rendre compte, qui n’était pas ridicule, parce qu’il le faisait naturellement.
La haine de l’ironie, l’horreur du badin, du léger, , une facilité singulière à s’émouvoir et vibrer, le goût du fort, du sévère, – avec parfois une douceur, une tendresse – caractérisaient son tempérament, et faisaient penser à quelque chose de nordique son cerveau.

   Maxence VAN DER MEERSCH, L’empreinte du Dieu