L’art du portrait

La veuve Vauquer1  

Les portraits qui suivent se présentent comme des arbres dépourvus de leur feuillage et de leurs fruits. Le texte est grammaticalement correct mais nombre de « caractérisants » ont été gommés, regroupés dans la fenêtre ci-dessous. Pour « colorer » le texte comme son auteur s’y est essayé, récrivez-les avec votre clavier à la place qui leur convient. Le bouton « Aide » offre une première lettre. Attention ! une faute de frappe et la réponse est incorrecte.

   blafard      comme un rat d’église      comme une première gelée d’automne      de l’escompteur2      de tulle      faite avec une vieille robe      faux      grassouillette      grimacées3      lézardée      mal mis      par les fentes      petite      potelées      prescrit aux danseuses      ridés      sans en être écœurée      tricotée      trop plein et   
   Bientôt la veuve se montre, attifée de son bonnet sous lequel pend un tour de cheveux , elle marche en traînassant ses pantoufles . Sa face vieillotte, , du milieu de laquelle sort un nez à bec de perroquet ; ses petites mains , sa personne dodue , son corsage qui flotte, sont en harmonie avec cette salle où suinte le malheur, où s’est blottie la spéculation, et dont madame Vauquer respire l’air chaudement fétide . Sa figure fraîche4 , ses yeux , dont l’expression passe du sourire à l’amer renfrognement , enfin toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne. Le bagne ne va pas sans l’argousin5, vous n’imagineriez pas l’un sans l’autre. L’embonpoint de cette femme est le produit de cette vie, comme le typhus est la conséquence des exhalaisons d’un hôpital. Son jupon de laine , qui dépasse sa première jupe , et dont la ouate s’échappe de l’étoffe , résume le salon, la salle à manger, le jardinet, annonce la cuisine et fait pressentir les pensionnaires. Quand elle est là, ce spectacle est complet.

      Honoré DE BALZAC, Le père Goriot

1 Madame Vauquer, née de Conflans, est une vieille femme qui, depuis quarante ans, tient à Paris une pension bourgeoise établie rue Neuve-Sainte-Geneviève, entre le quartier latin et le faubourg Saint‑Marceau. (Incipit du roman)

2 Escompteur : Banquier qui fait de l’escompte, espèce de prêteur  .

3 Grimacé : (Couture) Mal cousu, décousu, faisant de faux plis  .

4 Sa figure fraîche : La comparaison indique combien cette qualité en l’occurrence peut refroidir…

5 Argousin : Bas officier chargé autrefois de la surveillance dans les bagnes et sur les galères  .