L’art du portrait

Marius Gauffridy

Les portraits qui suivent se présentent comme des arbres dépourvus de leur feuillage et de leurs fruits. Le texte est grammaticalement correct mais nombre de « caractérisants » ont été gommés, regroupés dans la fenêtre ci-dessous. Pour « colorer » le texte comme son auteur s’y est essayé, récrivez-les avec votre clavier à la place qui leur convient. Le bouton « Aide » offre une première lettre. Attention ! une faute de frappe et la réponse est incorrecte.

   à la fois      à larges rayures      à tort et à travers      amidonné      courts et      depuis longtemps      du bon faiseur1      et gâtait tout ce qu’il portait      et sa rusticité      hors d’âge      la condition d’      né      personnage de      puissante      quelle que soit l’habileté de son tailleur      retentissants      rougeaud      rudes      son argent et      sur mesure      trois   
   L’homme avait tout du personnage balzacien, et s’il eût fallu en choisir un, c’eût été, sans hésiter, Vautrin2. Comment dire ? Il portait des vêtements de bonne coupe, mais ils ne lui allaient pas et ne lui iraient jamais, . Aucun costume n’aurait pu conférer à Marius Gauffridy une once d’élégance. Il était grossier de nature . Seule la blouse de l’ouvrier, celle du roulier3, la tenue du maçon, le tablier du boucher auraient pu s’appareiller à semblable nature. Sur lui, l’habit semblerait toujours avoir été emprunté chez un fripier4. Son costume trois-pièces-gilet avait l’air de sortir de chez un costumier de théâtre chargé d’habiller un parvenu, et le col de sa chemise arrivait à grand-peine à contenir une encolure de bovin. Les boutons de son veston avaient renoncé à comprimer une bedaine imposante. Quant à ses mains, aux doigts boudinés, elles trahissaient un homme qui, dès sa jeunesse, avait pratiqué les travaux de force, et jamais, malgré sa prétention à intégrer la bonne société, la pommade du parfumeur ne pourrait cacher les origines du parvenu. D’ailleurs, Marius Gauffridy ne faisait rien pour cela. Il émaillait son discours de cuirs5 , ce qui ne l’empêchait pas de parler fort, , persuadé d’avoir toujours raison. Il était chauve, le crâne cerné d’une tonsure de cheveux gris, et son visage , encadré de favoris , disait son orgueil .

   Jean CONTRUCCI, Rendez-vous au moulin du diable, chapitre 5, éditions Jean-Claude Lattès, 2014

1 Du bon faiseur : (Expression) Chic, élégant  .

2 Vautrin : Dans Le Père Goriot, de BALZAC, un des pensionnaires de la pension Vauquer  .
Non seulement le personnage de Marius Gauffridy ressemble à Vautrin mais le portrait brossé par Jean Contrucci est proche du style balzacien.

3 Roulier : Voiturier qui transporte des marchandises  .

4 Fripier : Personne qui achète et revend de vieux vêtements  .

5 Cuir : Défaut de prononciation qui consiste à lier les mots incorrectement  .