Le dialogue

Le temps        

D’après Daniel PICOULY, Longtemps je me suis couché de bonheur, chapitre 2. L’enlèvement, Albin Michel, 2020  

Pour rendre au dialogue sa cohérence et sa gradation, déplacez dans le bon ordre les éléments de la colonne droite vers ceux de la colonne gauche. La typographie est un indice.

Voici un des premiers dialogues du récit, entre le narrateur et son ami et camarade de classe, Bala, le fils des concierges de leur immeuble.

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« Pourquoi tu regardes toujours la pendule ?
— Je n’ai pas de montre, Bala.
— Pourquoi ?
— J’ai pas fait ma communion.
— Et pourquoi tu ne l’as pas faite ?
— Je suis pas croyant.
— Toi, tu regardes la pendule parce que tu ne crois pas en Dieu.
— Et Dieu me regarde pas parce que j’ai pas de montre.
— Pourquoi tu nous fais parler comme ça, toi et moi ?
— Comment ça, Bala ?
— Dans ce dialogue, j’utilise les négations et pas toi.
— C’est pour nous reconnaître : savoir qui dit quoi.
— D’accord, mais dans la réalité, tu mets les négations.
— Justement ça montre qu’on est pas dans la réalité.
— Ah ! Tu vois, tu reconnais que tu es en train d’écrire une histoire en douce !
— Tu penses ce que tu veux dans ta tête. »
  Comme son camarade, Bala, le lui fait observer, le narrateur omet la particule « ne » dans ses phrases négatives.

Plus exactement : c’est le narrateur lui-même qui se fait adresser cette observation par son camarade-personnage.

Quant au lecteur, il aura remarqué les phrases interrogatives sans inversion du sujet et du verbe prononcées par le même personnage et ami sous la plume du narrateur.
 Le temps…   qu’on gagne, qu’on perd,
qu’on prend, qu’on passe, qu’on trouve,
qui fuit, qui presse, qui ne dure pas,
qui efface tout,
dont on dispose, qu’on accorde,
dans lequel on est, où l’on vit,
de crise, de guerre, de famine,
des labours, des semailles, des vendanges,
de l’insouciance, des études, de la maturité,
des illusions, des regrets,
de pardonner, d’avouer,
de l’éclair, de dire ouf,
de parole,
du récit, de la parole, etc.