On connut des années où rien ne se passait
Comme on l’espérait ; d’autres, où tout arrivait
Comme on ne voulait pas ; alors, on aimerait
Que l’an vingt-trois se passât comme il le faudrait.
Cessons tout gaspillage : ce serait parfait ;
Respectons la nature comme on le devrait ;
Nulle énergie fossile on ne consommerait ;
Et si du produit seul de la bête on usait ?
Sur les hostilités, sachons tirer un trait ;
Assistons autrui quand du mal on lui causait ;
Conjuguons nos efforts où l’on rivalisait ;
Car le monde serait meilleur s’il s’unissait.
Le premier pas hélas, personne ne le fait ;
Et si, notre intention, en acte, on commuait ?
Vienne l’espérance et le courage renaît ;
Alors se réalise soudain le souhait.
Chaque vœu de la liste, pieux vous semblerait
Si sa mise en pratique, nul ne décidait !
Dans ce but, on a dit que l’on se soutiendrait ;
Cessons de faire comme si de rien n’était.
Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/02/23 :
Votre serviteur —
Que sont donc devenus tous les petits métiers ?
Ici, la repriseuse d’étoiles filantes ;
Là, le souffleur juré des sociétés savantes,
Le videur de questions, le perceur de paniers.
Nous peinons à trouver des dompteuses de vents,
Des porteurs d’attention, des tailleurs de croupières ;
Ou des veilleurs de puits, des charmeurs de charnières,
Des tisseuses d’intrigues prenant les devants.
Se souvient-on encore des laveurs d’affronts ?
Des briseuses de glace et des coupeurs de cannes ?
Des chercheuses de sorts, des inventeurs de vannes ?
Des lanceuses de bouées et des jeteurs de ponts ?
Où est le rédacteur de contrats cristallins ?
Le pourvoyeur de sens, d’idées et d’étiquettes ?
Le fieffé contrôleur de nos pensées secrètes ?
Le plombeur de tableaux, l’éclaireur de desseins ?
Bérénice —
Le monde manque aussi d’écriçons, de mavains,
De gruseurs, de fraitiers, de colliches d’affeuses,
De licheurs, de pêvreurs, de chauffalles de seuses,
De coutiers et povreurs, de coméçais frandiens…
Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/03/23 :
Votre serviteur —
Ce poème achevé, j’ouvre un jéroboam,
Au risque de fouler ivre le macadam ;
Pour dégoter la rime, je l’avoue, je rame ;
En votre compagnie, je trinquerai, Madame.
Bérénice —
De bon matin, vous entonnez le Carpe diem,
Vous taquineriez dame-jeanne, et moi idem,
Comme on taquinerait, pour faire ce poème,
La muse par laquelle alors le vers essaime.
Votre serviteur —
Engageons cette muse pour un intérim :
Foin de la paperasse et de tout le toutim !
Qu’elle se hâte donc de nous servir la rime :
Ainsi gagnera-t-elle à jamais notre estime.
Bérénice —
On lui demandera de laver l’aquarium
Et d’arroser de temps en temps le géranium.
Mais si on la surprend à faire un petit somme,
On la renvoie tout sec : ce sera pour sa pomme.
Votre serviteur —
Ne traitons pas la muse comme on traite un groom :
Évitons à tout prix de déclencher du schproum !
Nous ne sommes pas sûrs* que pour nous cela boume :
Nous ne connaissons guère d’autre rime en -oume.
Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/04/23 :
Votre serviteur —
Je manque de génie mais je suis assidu ;
Je ne le parais point, je suis pourtant têtu
Et j’aime le défi quand il est superflu :
Je mettrai donc les pieds sur ce chemin pentu.
Bérénice —
Connaissant bien votre penchant pour l’incongru,
Je vous livre illico ce quatrain saugrenu ;
Ce n’est pas aussi bien que je l’aurais voulu…
Reconnaissez-le-moi : j’ai fait ce que j’ai pu.
Votre serviteur —
Je suis des plus heureux : vous avez répondu
Avec rapidité – je ne l’aurais pas cru !
Tout ce qui à l’esprit soudain vous est venu,
Vous l’écrivîtes comme de bien entendu.
Bérénice —
Vous avez tout compris et ce, par le menu :
Je me suis fait un film avec votre tissu,
Un texte impressionniste hors du sentier battu,
Un verbe bien taillé, tout de fil blanc cousu.
Ensemble —
En ce premier avril, pêchons-nous le merlu
À la ligne, virgule, comme convenu ?
Quand nous parlons du vers, l’usage est très couru.
Tout futile qu’il soit, le pari est tenu.
Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/05/23 :
Votre serviteur —
Ne me demandez pas ni comment ni pourquoi
L’idée de ce poème s’est glissée en moi.
Vous devinerez bien le jeu qui s’y déploie,
Vous y apprécierez la rime qui chatoie.
Bérénice —
Suivre vos instructions est mon unique loi :
Je vis dans un royaume dont vous êtes roi ;
Vous êtes mon moteur, vous êtes ma courroie ;
Je suis votre captive, je suis votre proie.
Votre serviteur —
Votre propos me plonge dans le désarroi :
Je ne suis point tyran, je décline l’emploi !
Oubliez la prison, quittez le jeu de l’oie ;
Point de chaînes* ici, fussent-elles de soie !
Bérénice —
La magnanimité, comprenez mon émoi,
Dont vous faites preuve est d’un excellent aloi.
Vous méritez que sur un trône l’on vous voie !
Vous méritez les lauriers que je vous envoie !
Ensemble —
Nous sommes les champions de la mauvaise foi !
Dans la catégorie, nous gagnons le tournoi !
Nous n’avons cependant pas peur que l’on nous croie :
À l’autodérision, chacun sait qu’on s’emploie.
Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/06/23 :
Votre serviteur —
Revoici les beaux jours avec le mois de juin :
À son terme, on le sait, l’an scolaire prend fin.
Je vous le dis tout net : si nous lâchons le frein,
Nous n’arrêterons pas l’académique train.
Bérénice —
Et les rythmes scolaires, qu’en dites-vous, hein ?
Aux trop longues vacances, pas le moindre gain !
Congés plus longs l’hiver : l’enfant en a besoin ;
Trop de congés l’été : cela ne sert à rien.
Votre serviteur —
Sachez que votre avis n’est pas toujours le mien :
Le rythme de l’enfant, celui du collégien,
Ne sont guère pareils, il semble pourtant bien
Que l’un et l’autre trempent dans le même bain.
Bérénice —
Le point est épineux, chacun en est certain,
Sur lequel est écrit : « fossé paludéen » ;
N’y mettons pas les pieds : miné est le terrain.
Quelles que soient nos vues, gardons l’esprit serein.
Ensemble —
Restons donc dans le train jusqu’à l’arrêt prochain,
N’en sortons pas avant le dernier examen.
Le devoir accompli, c’est la fête demain.
Des rires et des champs, on reprend le chemin.
Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/07/23 :
Votre serviteur —
En chaise longue assis, près de moi un flacon
De jus de fruit glacé, aux oreilles le son
Léger de mandolines, cuivres et basson,
Les pieds en éventail, je m’écrie : « C’est tout bon ! »
Bérénice —
Vous ne le criez pas, vous l’écrivez, selon
La meilleure logique et la mienne opinion ;
Comme vous le voyez, je vous fais la leçon
Même en vacances, même ici, à la pension.
Votre serviteur —
On est à la terrasse de notre maison :
Vous n’allez pas prétendre qu’on est à Menton !
Je goûte* des loisirs avec circonspection :
Au Loto, je n’ai pas décroché le million !
Bérénice —
Nous sommes en effet à dix pas du salon,
Mais je fais le service comme un échanson !
Tantôt vous vous flattiez de votre condition,
Devant moi maintenant, vous faites le bougon.
Votre serviteur —
Je demande merci : laissez là le sermon.
Entre nous, en vacances, jamais de friction.
Les heurts et les conflits ne sont pas de saison.
Reprenons la séance de relaxation.
Chr. alias Bérénice & votre serviteur ont écrit le 01/08/23 :
Bérénice —
Vous me l’aviez promis : lui avez-vous parlé ?
Elle a un prix, notre voiture intelligente,
Et notre budget prend une mauvaise pente !
N’allez pas pleurnicher quand vous serez ruiné !
Votre serviteur —
Je lui en ai évidemment touché un mot
Mais elle a répondu se sentir mal-aimée* :
Elle entend regagner l’usine où elle est née
Et je crains une fugue si j’insiste trop !
Bérénice —
La futée, je le vois, se laisse dorloter !
Qu’elle cherche un travail ! C’est simple, j’imagine :
Qu’elle fasse modèle pour un magazine,
Ou berline-sandwich , ou simplement coursier.
Votre serviteur —
Vous-même, parlez-lui, si vous savez comment !
Non ! Un mot malheureux, il serait regrettable
Qu’elle sautât d’un pont, car je l’en crois capable,
Ou qu’elle s’écrasât sur quelque bâtiment !
Ensemble —
S’anéantirait-elle avec nous à son bord ?
Oserons-nous encor voyager avec elle ?
Revendons-la avant qu’elle fasse la belle
Ou qu’un geste fatal ne scelle notre sort !
Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 28/08/23 :
Votre serviteur —
Ah ! Je me réjouis que ce soit la rentrée,
Pour avancer en douce la rime qui siée !
Bérénice —
Ne vous inquiétez pas : votre projet m’agrée.
Sachez que j'apprécie assez pareille idée.
Ensemble —
Nous allons procéder illico et d’emblée
Aux vérifications de routine installée
Et pointerons la liste expressément dressée,
Veillant à ce que chaque case soit cochée.
À l’heure où nous parlons, la route est dégagée.
Aucune anomalie n’a été signalée.
Température au-dessus du point de rosée.
Niveau de la mer comme, heu… à l’accoutumée !
Humidité de l’atmosphère modérée,
L’air est bon, le vent faible et belle la marée,
Dont on vous dira l’heure en début de soirée.
Le Ciel est ce qu’il est, la Terre est bien lunée.
L’âge du capitaine passe à la pesée,
Le poids de ses années fixant sa renommée. Or, nous vous souhaitons la très belle journée,
Intéressante et fructueuse traversée.
Chr. alias Bérénice & votre serviteur ont écrit le 01/10/23 :
Bérénice —
Vous qui ne croyez pas être à court de brio,
Qu’attendez-vous pour composer à Lugano,
Cher ami, un poème sur ce scénario,
Dédicacé sans doute à la muse Érato ?
Votre serviteur —
Vos vœux sont mes désirs : je m’y mets aussitôt,
Pour vous montrer aussi que je ne suis pas sot.
À la mienne façon, j’écris d’Andelarrot
Et je dédie ces vers au poète Marot.
Bérénice —
Quand j’ai besoin de vous, vous tombez à propos ;
Au moindre appel, jamais je ne vous vois de dos ;
S’il survient un problème, vous êtes dispos ;
Vous êtes toujours là lorsque j’ai le cœur gros.
Votre serviteur —
C’est que, de votre culte, je suis le dévot ;
Je tiens pour vous la plume comme pour Margot ;
Je vous comprends toujours, et même à demi-mot ;
Au plus petit de vos désirs, j’accours au trot.
Ensemble —
Voilà, de notre cirque, un parfait numéro,
Le clou, écrivons-le, le gagnant du Loto,
Dont on ouïra longtemps le favorable écho !
Une dernière chose : disons-nous « Bravo ».
Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/11/23 :
Votre serviteur —
Je m’occupe aujourd’hui de tout le saint-frusquin :
Reporter le travail ne serait pas malin ;
Je gagnerais sans doute à n’être pas lambin :
Il ne me faudrait pas tomber dans le pétrin.
Bérénice —
En effet : il faut prendre les choses en main
Car, sur la planche, assurément, il y a du pain !
Nous nous retrousserons les manches, c’est certain,
Et ne remettrons pas cette tâche à demain !
Votre serviteur —
Oh ! je ne pense pas y perdre mon latin
Car j’ai plutôt, dans ces eaux-là, le pied marin !
Je ne suis pourtant pas à l’abri d’un pépin :
On chancelle* parfois sur un texte anodin.
Bérénice —
Je ne voudrais pas vous laisser dans le besoin,
Car, de vos entreprises, j’aime prendre soin ;
Pour vous, je chercherais dans le moindre recoin :
La coupe, le veut-on, des lèvres n’est pas loin.
Ensemble —
Nous ôtâmes les pierres de notre jardin ;
Nous mîmes nos idées au clair de grand matin ;
De la copie au net, nous prîmes le chemin ;
Mission exécutée : ainsi sera la fin.
Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/12/23 :
Votre serviteur —
Je veux finir l’année par le moins compliqué,
Conservant toutefois un style raffiné !
Je ne vous en dis rien : vous l’avez deviné.
Vous marcherez sans peine où moi-même ai marché.
Bérénice —
De ce projet, je goûte* la facilité :
Le changement discret dans la continuité,
Progression contenue et régularité,
Avancée continue sur sentier balisé.
Votre serviteur —
Oh ! Plût au ciel que vous n’eussiez ironisé !
Nous visions les sommets et tombons au fossé !
Et moi qui supposais que tout était plié,
Je vois par votre fait retomber le soufflé !
Bérénice —
Du tragique au trivial, vous avez basculé
Dans un même quatrain : voyez l’étrangeté !
Dans ce registre donc, je vous ai précédé,
Marchant sans peine aucune où vous seriez allé !
Ensemble —
Dans les pas l’un de l’autre, marchons au jugé
Pour enfin nous sortir de ce terrain miné :
Par soi-même parfois, l’on est mal conseillé.
Après le point final, on se met en congé…
Le chœur —
Point là le point final cependant annoncé ;
Les points de suspension sont comme un loup caché ;
Le pari de les voir partir n’est pas gagné :
Nous craignons un retour de flamme inopiné.
Chr. alias Bérénice & votre serviteur ont écrit le 01/01/24 :
Bérénice —
Nous voyons cette année du meilleur œil qui soit,
C’est du moins notre vœu en ce qui vous concerne,
Chers visiteurs : soyez heureux comme il se doit !
Mais, de notre côté, le moral est en berne.
Votre serviteur —
Enfin, surtout le vôtre, car le mien est bon :
Je serais même heureux, n’étaient vos jérémiades ;
Je ne suis pas du genre à me montrer ronchon ;
Je demeure serein devant vos airs maussades.
Bérénice —
Attendez ! Qui fait mine de se lamenter,
Recherchant à la loupe dans mon attitude
Prétexte à excuser la sienne, et d’insinuer
Que me montrer grincheuse m’est une habitude ?
Votre serviteur —
Simplement, je constate, je n’insinue rien !
Même le jour de l’an, vous vous mettez à geindre
Et c’est d’ailleurs la chose que vous faites bien !
Admettez-le : en vérité, je suis à plaindre !
Ensemble —
Aurions-nous mal vieilli ? Deviendrions-nous bougons
Entassant les années ? Nous peinons à le croire !
Aimerions-nous nous perdre en récriminations ?
Nous peinons à donner du crédit à l’histoire.
Jean Intransi & votre serviteur ont écrit le 25/01/24 :
Jean Intransi —
À propos de la « Maison de saint Nicolas » sur Bien noté, vous rappelez la consigne qui interdit tout retour en arrière ou en boucle.
Or, le tracé du « a » de l’exclamation comporte précisément une boucle…
Votre serviteur —
Cher monsieur, outre cette boucle du « a », l’arc du « c » et le trait du « i » se font d’un aller et retour, tandis que le texte se déploie en quatre tracés et non un seul.
Mais la consigne porte exclusivement sur la figure et non sur la remarque.
Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 33/01/24 :
Votre serviteur —
Faisons là comme si le trente-trois janvier
N’existait pas, et oublions l’anniversaire
Qui est le mien : sans être révolutionnaire,
Cette démarche un jour devrait pouvoir compter.
Bérénice —
Le non-anniversaire de Lewis Caroll
Offre en cadeau au Gros Coco une cravate :
De ce côté de mon miroir, je vois l’ingrate
Ne vous donnant rien d’autre que son amour fol.
Votre serviteur —
Ensemble nous vivrons de pain sec et d’amour
Tout au long de cette journée extravagante :
Car votre ingratitude est à mes yeux charmante,
La mériter vaut bien ce surprenant détour.
Ensemble —
Ce non-événement fera notre bonheur,
Que nous savourerons journée après journée,
Qui nous réchauffera année après année,
Dont nous apprécierons à jamais la saveur.
Loin du calendrier qui dissipe l’ennui,
Choisissons la non-fête donnant la vraie joie,
Où la sincérité simplement se déploie,
Et nous cultiverons le non-sens à l’envi.
Chr. alias Bérénice & votre serviteur ont écrit le 01/03/24 :
Bérénice —
N’essayez pas, mon cher, de bomber le thorax,
Comme, dans Offenbach, le font les deux Ajax !
Ne vous bombardez pas champion de la syntaxe
Évitez à tout prix l’erreur de parallaxe.
Votre serviteur —
Évitez, chère amie, de me mettre à l’index,
Et, sur moi, évitez de jeter le silex
Si vous ne voulez point que soudain je me vexe
Ou que je développe un encombrant complexe !
Bérénice —
Vous ne monterez pas sur je ne sais quel pnyx,
Car jamais vous ne fûtes pris pour un phénix, Enterrer une cause en un discours prolixe :
Que notre baromètre demeure au beau fixe !
Votre serviteur —
Vous me feriez entrer calmement dans mon box
Mais l’ire doit me rendre rouge comme un phlox !
Car votre procédé n’est pas très orthodoxe :
Il décoiffe plutôt comme un vent d’équinoxe !
Bérénice —
Cessez donc de vous prendre pour Julius Pollux,
Oubliez à cette heure Fortuna Redux !
Ne vaguez surtout pas en poésie de luxe :
On ne connaît que trop l’humérus qui se luxe !
Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/04/24 :
BE
AVRIL 2024
Lu Ma Me Je Ve Sa Di
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30
1 2 3 4 5
6
Votre serviteur —
Pour raisons budgétaires, le gouvernement
A décidé de supprimer le trentepremieravrilmaijuin
De nos calendriers. Cet arrêté subtil
Offrira au pays plat le redressement.
Les élections sont proches : le temps est compté
Une initiative devait être prise,
Qui marquât les esprits, qui évitât la crise,
Qui rendît à chacun le futur assuré !
Bérénice —
Nos autorités prennent les choses en main,
Offrant à la Belgique une métamorphose !
Puis-je poser une question que je me pose ?
Pourquoi le trente avril et pas le premier juin ?
Votre serviteur —
Comme vous prîtes juin pour la rime et non mai,
Le premier avril donne au vers treize syllabes
Et de me retrouver dans le panier de crabes !
Le premier mai, ou juin : la rime plus je n’ai.
Bérénice —
Je ne comprends rien, non ! à votre charabia !
Au lieu d’écrire, faites donc du char à voile
Une photo de vous je mettrai sur la Toile
Le trente ou le premier, enfin dans ces eaux-là.
Jean Quigrogne & Jean Quirit ont écrit le 01/04/24 :
Jean Quigrogne —
La suppression d’un jour causera le décrochage du calendrier belge par rapport à celui des autres pays d’Europe et du monde ! S’en rendent-ils compte ?
Jean Quirit —
Ne dit-on pas que « Gouverner, c’est décevoir » ?
Votre serviteur a écrit le 01/05/24 :
Pour faire diversion, je compose dix vers
Et je m’en justifie sous des motifs divers.
Voici mes dix versions :
Où serait le problème ?
Tel est mon bon plaisir
en sera la deuxième.
Cette lecture certes vous fera plaisir.
Je laisse ainsi de moi le meilleur souvenir.
Sur ce point, je serais curieux de vous entendre.
Pour surprendre toujours et encore surprendre.
Il s’agit d’un défi que je me suis lancé.
C’est un fameux défi que l’on m’a adressé.
Je le fis pour savoir s’il fallait bien le faire.
Je le fis simplement pour être lu en chaire.
Si deux vers annonçaient dûment* les dix versions,
Cette strophe succède à mes spéculations.
Et je vous dis vers quoi la diversion nous mène :
Le baisser de rideau sur cette mise en scène.
Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/06/24 :
Votre serviteur —
Nous n’aurons pas œuvré près de vingt ans en vain :
Voici que « Cours toujours » entre dans son An Vingt.
En tant que site, il vit ce que vivent les sites
Une ou deux décennies – ou plus si vous le dites.
Bérénice —
N’en demandez pas trop au maître* du destin,
Ne tirez pas de plans sur la comète, enfin !
Orphelin d’un modèle de votre calibre,
« Cours toujours », je le crains, tournerait en roue libre !
Votre serviteur —
Je ne suis pas pressé de faire le faux pas
Pour me précipiter trop tôt dans l’au-delà.
Et puis vous seriez là, ma chère, encore alerte,
Poursuivant le grand œuvre, à votre façon certe.
Bérénice —
Votre style est inimitable, mon ami :
Je ne saurais du site assurer le suivi.
Pas plus que vous, d’ailleurs, je ne suis éternelle :
Je ne vous quitterai guère d’une semelle.
Votre serviteur —
Comme un ivre vaisseau, « Cours toujours » voguera,
Dérisoire relique qui divaguera
Sur la Toile sans cap comme sans capitaine,
Épave virtuelle en une course vaine.
Ensemble —
Adieu les idées noires, allons de l’avant !
Mais point trop… Regardons juste le jour présent ;
Et le monde est bien fait : voilà qu’à nous il s’offre !
L’avenir ne s’enferme jamais dans un coffre.
Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/07/24 :
Votre serviteur —
Les choses, semble-t-il, étant ce qu’elles sont
Comme la conjoncture étant ce qu’elle semble,
C’est un fait : tout augmente, on en convient ensemble.
Nos visiteurs aussi le corroboreront.
Cinq cent cinquant’cinq mille cinq cent cinquant’cinq* Visites en vingt ans sont comptabilisées :
Plus d’un demi-million en quelque vingt années…
Point à l’envers n’aura tourné notre moulin !
En deux mille dix-neuf*, nous pensions obtenir
Les sept cent treize mille sept cent cinq* présences
Dans les années quarante, mais les évidences
Suggèrent plutôt la décennie à venir.
Le nombre de visites en effet s’accroît*
Dans une progression pas vraiment linéaire,
Plutôt logarithmique – la figure est claire :
La turbine accélère, tournant à l’endroit.
Bérénice —
C’est bien le cinq des cinq que vous atteignez :
Je n’eusse jamais cru que ce fût possible
Et j’en viens à me dire qu’il serait pénible
Que de ce lieu de choix vous vous éloignassiez…
Votre serviteur —
Soit ! je coupe les ailes donc à mon moulin,
Je bloque le compteur au nombre canonique
Le temps, disons : d’une seconde poétique.
Visiteurs, attention ! redémarre le train !
Chr. alias Bérénice & votre serviteur ont écrit le 01/08/24 :
Bérénice —
Pourquoi ne pas écrire sur le temps qu’il fait
Ou sur le temps qu’il ne fait pas mais devrait faire
Et des saisons qu’il n’y a plus ? La belle affaire :
Dites-en tant et plus et vous serez parfait !
Votre serviteur —
Je vois déjà, ma chère, venir le gros temps,
En direction, dirais-je, de votre personne !
Particulièrement sur vous, l’orage tonne !
Vous qui lancez des pointes, gare à vos tympans !
Bérénice —
Quand je cause aussitôt vous vous imaginez
Que je vous veux causer du tort ! Que du contraire !
Parlez-moi du beau temps : ce sera pour me plaire ;
De la pluie, un jour autre vous converserez.
Votre serviteur —
Je parlerai du temps ainsi qu’il me plaira
Et je n’en dirai rien si j’y trouve mon aise !
Arrêtez de marcher au bord de la fadaise :
Bientôt une tempête nous y plongera !
Ensemble —
La météo se montre capricieuse en août* :
Longtemps la canicule nous anesthésie,
Et soudain le tonnerre déploie sa furie.
Quelques jours tels encore, et nous serons à bout !
Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 26/08/24 :
Votre serviteur —
C’est décidé : de moi, je cesse de parler.
Je n’étalerai plus ici mes états d’âme.
À l’attention d’autrui, le devoir me réclame :
Désormais vers les autres, je veux me tourner.
Bérénice —
Il était temps qu’enfin à moi vous pensassiez,
Que vous m’emmenassiez sur les terres que j’aime
Et par tous les chemins où mon bonheur essaime,
Quand de parler de vous seul, vous me menaciez !
Votre serviteur —
Non ! je ne pensais pas à vous précisément.
Je pensais à tous ceux que le travail appelle,
Je souhaite à chacun d’eux que la rentrée soit belle
Et à chacune d’elle, naturellement.
Ensemble —
Tous les signaux sont verts, la machine repart
On se retrouve, on se découvre, on se questionne ;
Délaissant le loisir, par ces matins d’automne,
L’on reprend le chemin où parfaire son art.
Restés à quai, nous agitons notre mouchoir
Vers les têtes emplies de projets et de rêves,
Nous souvenant de nous quand nous étions élèves –
Mais… nous parlons de nous, là, bon sang de bonsoir !
Chr. alias Bérénice & votre serviteur ont écrit le 01/10/24 :
Bérénice —
Une armée de frimousses, rien que des frimousses !
Je crois que le bouchon, un peu loin tu le pousses.
Les faces de bédé réduisent le portrait
À quelque pantomime, ma foi, sans attrait.
Votre serviteur —
Crois-tu être une I.A. lorsque tu me tutoies ?
Face à ta bonhomie, je me ronges les foies !
Mes traits se décomposent, j’ai l’œil qui ternit
Et je grince des dents, ma face s’assombrit.
Bérénice —
Tout en tenant la rime, vous prenez la mouche,
Si vous vous entêtez, je n’ouvre plus la bouche.
Je vais vous rassurer : j’adore les croquis
Que sur la Toile justement vous avez mis.
Votre serviteur —
J’enrichis la section des expressions faciales
Mais je n’attendais pas pareil coup de cymbales !
Vous êtes attentive à ma publicité
Et prétendez mon bien contre ma volonté.
Ensemble —
Sans doute pensez-vous : le conflit les amuse.
On en use souvent, jamais on n’en abuse.
Ne tirez pas la tête, nous vous faisons marcher
Rions de tout de peur d’avoir à en pleurer.
Alain Cise & votre serviteur ont écrit le 21/10/24 :
Alain Cise —
Après la page introuvable, vous nous faites le coup de l’image indisponible ! Non seulement vous prétendez que votre site « ne comporte pas d’images » mais vous soutenez qu’elles ne peuvent pas s’afficher !
Votre serviteur —
Il n’y a pas photo, vous êtes un rigolo.
L’écran a la propriété tantôt de montrer tantôt de masquer : je voulais faire comprendre qu’une image peut en cacher une autre et que l’on ne voit mieux parfois que si l’on cherche au-delà des évidences.
La lecture littéraire précisément ouvre souvent une telle perspective.
Chr. alias Bérénice & votre serviteur ont écrit le 01/11/24 :
Bérénice —
On voyait des croquis ; ciel ! on entend des voix !
Pensez-vous recevoir du mérite la croix ?
En douce, vous passâtes du mot à l’image
Et glissez de l’image au son sans cafouillage !
Votre serviteur —
Vous tûtes la formule « exercice à la noix »
Que la rime inspirait : j’apprécie votre choix.
Que vous citiez mon travail est ma récompense
De tout autre cadeau, ma mie, je vous dispense.
Bérénice —
Vous preniez seuls en compte les écrits,
Vous observiez les termes tels qu’ils étaient dits
Et ceux qui décrivaient bien de quelle manière
Mais le champ non verbal sortait de votre sphère…
Votre serviteur —
Oui : très maladroitement j’aborde le sujet
Aussi enchevêtré que le monde en effet.
Aucune description, nulle didascalie :
À nous de décrypter sans ce filtre la vie.
Ensemble —
Or, le code d’Agnès Simonet, justement,
Aligne les items horizontalement :
Je me suis donc lancé /
Vous vous lançâtes donc dans la belle entreprise
Avec cette énergie qui me / vous caractérise…
Les noms de métiers de la dernière strophe sont des mots imaginaires obtenus par permutation de leur terminaison
avec celle du mot voisin. Ils sont donc ignorés des dictionnaires.
« Des rires et des champs, on reprend le chemin » :
La formule est le subtil amalgame, le lecteur l’aura deviné,
entre les deux expressions « des rires et des chants » et « la clé des champs ».
Pour avancer en douce la rime qui siée ! » (qui convienne) :
Comme la substitution d’un synonyme au verbe seoir le montre, le mode requis dans la relative marquant le but ou la conséquence est le subjonctif.
Or
ou ses variantes ore ou ores
se disaient anciennement pour Maintenant, nous apprend l’Académie.
« Margot » est le diminutif de Marguerite.
Clément MAROT se mit au service de Marguerite d’Angoulème (duchesse d’Alençon), sœur de François Ier.
Ne la confondons pas avec Marguerite de France (ou Marguerite de Valois), sœur de François II, surnommée « la reine Margot » .
Toutes deux étaient femmes de lettres. La première mourut quelques années avant que naquît la seconde.
Le « saint-frusquin » :
nom composé familier formé de saint (un saint imaginaire, comme sainte Nitouche ou la saint-glinglin) et du nom argotique frusquin : « habit », retrouvé dans « frusques » ;
biens matériels mobiliers que possède quelqu’un ;
synonymes : attirail, barda, bastringue, bataclan, bazar, fourbi.
« Le changement dans la continuité » :
Slogan de campagne de Georges Pompidou
suite aux événements de mai 68 et du référendum d’avril 69
provoquant la démission de Charles de Gaulle .
« Non-anniversaire » :
Concept imaginé par Lewis CAROLL
dans la suite d’Alice au pays des merveilles : De l’autre côté du miroir, chapitre VI, Le Gros Coco.
Jeter le silex :
Comme dans l’expression sur l’échine nous tombe,
le lecteur avait reconnu l’expression
« tomber sur le dos de quelqu’un »,
le lecteur reconnaît ici l’expression « jeter la pierre » .
Enterrer une cause en un discours prolixe :
Enterrer est à l’infinitif car il complète le verbe causatif de mouvement monterez.
Grand œuvre :
« Œuvre était masculin dans le style soutenu, pour des œuvres dont on voulait rehausser le mérite.
» Cet emploi est tombé en désuétude ; tout au plus pourrait-on essayer de s’en servir dans la poésie en quelques cas choisis », remarque Littré.
Le Trésor de la Langue française informatisé indique :
« II - Au masculin, C. Alchimie, au figuré : Entreprise d’une importance capitale, création d’une valeur exceptionnelle ».
Littré cite en remarque quelques exemples sous la plume de Michel Marot (le fils de l’illustre Clément) et de Victor Hugo.
« Cinq cent cinquant’cinq mille cinq cent cinquant’cinq » :
Pour retomber sur nos pieds, le -e de « cinquante » est élidé comme en prose : une apostrophe marque cette élision et remplace dès lors le trait d’union.
« cinq » :
Pour la rime, la consonne finale du « cinq » en fin de nombre ne sera pas articulée.
Nous sommes le lundi 1er juillet 2024.
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Le « cinq des cinq » :
On prononcera comme le « Saint des Saints » puisque l’allusion est évidente.
« Frimousse » ou « binette » :
Nom donné sur la Toile au croquis rapide qui suggère la forme d’un visage dont l’expression traduit l’état d’esprit de l’internaute expéditeur .
Vous en trouvez un exemple sur notre site
et plein d’autres sur TICs en FLE.
Tutoiement :
En effet, votre serviteur fut tutoyé par un robot conversationnel lors d’un récent échange.
Comme dans une volonté affichée de rapprochement complice, le tutoiement côtoie souvent l’élision et la formulation condensée.
« Bédé » est l’acronyme de bande dessinée.
Le peintre français Charles LE BRUN a croqué quelques physionomies qui illustrent les expressions du visage.
Liant croquis et légende, cette « étude des passions de l’âme » est une « littérature en estampes », qui préfigure la bande dessinée.
« I.A. » est l’abréviation d’intelligence artificielle.
À la mode en 2024, le procédé ne feint-il pas d’introduire le lecteur dans un cercle d’initiés pour mieux obtenir son adhésion ?