Commentaires (extraits choisis)

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Votre serviteur a écrit le 01/01/23 :

On connut des années où rien ne se passait
Comme on l’espérait ; d’autres, où tout arrivait
Comme on ne voulait pas ; alors, on aimerait
Que l’an vingt-trois se passât comme il le faudrait. 

Cessons tout gaspillage : ce serait parfait ;
Respectons la nature comme on le devrait ;
Nulle énergie fossile on ne consommerait ;
Et si du produit seul de la bête on usait ?

Sur les hostilités, sachons tirer un trait ;
Assistons autrui quand du mal on lui causait ;
Conjuguons nos efforts où l’on rivalisait ;
Car le monde serait meilleur s’il s’unissait.

Le premier pas hélas, personne ne le fait ;
Et si, notre intention, en acte, on commuait ?
Vienne l’espérance et le courage renaît ;
Alors se réalise soudain le souhait.

Chaque vœu de la liste, pieux vous semblerait
Si sa mise en pratique, nul ne décidait !
Dans ce but, on a dit que l’on se soutiendrait ;
Cessons de faire comme si de rien n’était.

 

Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/02/23 :

Votre serviteur  —
Que sont donc devenus tous les petits métiers ?
Ici, la repriseuse d’étoiles filantes ;
Là, le souffleur juré des sociétés savantes,
Le videur de questions, le perceur de paniers.
Nous peinons à trouver des dompteuses de vents,
Des porteurs d’attention, des tailleurs de croupières ;
Ou des veilleurs de puits, des charmeurs de charnières,
Des tisseuses d’intrigues prenant les devants.
Se souvient-on encore des laveurs d’affronts ?
Des briseuses de glace et des coupeurs de cannes ?
Des chercheuses de sorts, des inventeurs de vannes ?
Des lanceuses de bouées et des jeteurs de ponts ?
Où est le rédacteur de contrats cristallins ?
Le pourvoyeur de sens, d’idées et d’étiquettes ?
Le fieffé contrôleur de nos pensées secrètes ?
Le plombeur de tableaux, l’éclaireur de desseins ?
Bérénice  —
Le monde manque aussi d’écriçons  , de mavains,
De gruseurs, de fraitiers, de colliches d’affeuses,
De licheurs, de pêvreurs, de chauffalles de seuses,
De coutiers et povreurs, de coméçais frandiens

 

Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/03/23 :

Votre serviteur  —
Ce poème achevé, j’ouvre un jéroboam,
Au risque de fouler ivre le macadam ;
Pour dégoter la rime, je l’avoue, je rame ;
En votre compagnie, je trinquerai, Madame.
Bérénice  —
De bon matin, vous entonnez le Carpe diem, 
Vous taquineriez dame-jeanne, et moi idem,
Comme on taquinerait, pour faire ce poème,
La muse par laquelle alors le vers essaime.
Votre serviteur  —
Engageons cette muse pour un intérim :
Foin de la paperasse et de tout le toutim !
Qu’elle se hâte donc de nous servir la rime :
Ainsi gagnera-t-elle à jamais notre estime.
Bérénice  —
On lui demandera de laver l’aquarium
Et d’arroser de temps en temps le géranium. 
Mais si on la surprend à faire un petit somme,
On la renvoie tout sec : ce sera pour sa pomme.
Votre serviteur  —
Ne traitons pas la muse comme on traite un groom :
Évitons à tout prix de déclencher du schproum !
Nous ne sommes pas sûrs* que pour nous cela boume :
Nous ne connaissons guère d’autre rime en -oume.

 

Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/04/23 :
merlu
Votre serviteur  —
Je manque de génie mais je suis assidu ;
Je ne le parais point, je suis pourtant têtu
Et j’aime le défi quand il est superflu :
Je mettrai donc les pieds sur ce chemin pentu.
Bérénice  —
Connaissant bien votre penchant pour l’incongru, 
Je vous livre illico ce quatrain saugrenu ;
Ce n’est pas aussi bien que je l’aurais voulu…
Reconnaissez-le-moi : j’ai fait ce que j’ai pu.
Votre serviteur  —
Je suis des plus heureux : vous avez répondu
Avec rapidité – je ne l’aurais pas cru !
Tout ce qui à l’esprit soudain vous est venu,
Vous l’écrivîtes comme de bien entendu.
Bérénice  —
Vous avez tout compris et ce, par le menu :
Je me suis fait un film avec votre tissu,
Un texte impressionniste hors du sentier battu,
Un verbe bien taillé, tout de fil blanc cousu.
Ensemble  —
En ce premier avril, pêchons-nous le merlu
À la ligne, virgule, comme convenu ?
Quand nous parlons du vers, l’usage est très couru.
Tout futile qu’il soit, le pari est tenu.

 

Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/05/23 :

Votre serviteur  —
Ne me demandez pas ni comment ni pourquoi
L’idée de ce poème s’est glissée en moi.
Vous devinerez bien le jeu qui s’y déploie,
Vous y apprécierez la rime qui chatoie.
Bérénice  —
Suivre vos instructions est mon unique loi :
Je vis dans un royaume dont vous êtes roi ;
Vous êtes mon moteur, vous êtes ma courroie ;
Je suis votre captive, je suis votre proie.
Votre serviteur  —
Votre propos me plonge dans le désarroi :
Je ne suis point tyran, je décline l’emploi !
Oubliez la prison, quittez le jeu de l’oie ;
Point de chaînes* ici, fussent-elles de soie !
Bérénice  —
La magnanimité, comprenez mon émoi,
Dont vous faites preuve est d’un excellent aloi.
Vous méritez que sur un trône l’on vous voie ! 
Vous méritez les lauriers que je vous envoie !
Ensemble  —
Nous sommes les champions de la mauvaise foi !
Dans la catégorie, nous gagnons le tournoi !
Nous n’avons cependant pas peur que l’on nous croie :
À l’autodérision, chacun sait qu’on s’emploie.

 

Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/06/23 :

Votre serviteur  —
Revoici les beaux jours avec le mois de juin :
À son terme, on le sait, l’an scolaire prend fin.
Je vous le dis tout net : si nous lâchons le frein,
Nous n’arrêterons pas l’académique train.
Bérénice  —
Et les rythmes scolaires, qu’en dites-vous, hein ?
Aux trop longues vacances, pas le moindre gain !
Congés plus longs l’hiver : l’enfant en a besoin ;
Trop de congés l’été : cela ne sert à rien.
Votre serviteur  —
Sachez que votre avis n’est pas toujours le mien :
Le rythme de l’enfant, celui du collégien,
Ne sont guère pareils, il semble pourtant bien
Que l’un et l’autre trempent dans le même bain.
Bérénice  —
Le point est épineux, chacun en est certain,
Sur lequel est écrit : « fossé paludéen » ;
N’y mettons pas les pieds : miné est le terrain.
Quelles que soient nos vues, gardons l’esprit serein.
Ensemble  —
Restons donc dans le train jusqu’à l’arrêt prochain,
N’en sortons pas avant le dernier examen.
Le devoir accompli, c’est la fête demain.
Des rires et des champs, on reprend le chemin.

 

Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 01/07/23 :

Votre serviteur  —
En chaise longue assis, près de moi un flacon
De jus de fruit glacé, aux oreilles le son
Léger de mandolines, cuivres et basson,
Les pieds en éventail, je m’écrie : « C’est tout bon ! »
Bérénice  —
Vous ne le criez pas, vous l’écrivez, selon
La meilleure logique et la mienne opinion ;
Comme vous le voyez, je vous fais la leçon
Même en vacances, même ici, à la pension. 
Votre serviteur  —
On est à la terrasse de notre maison :
Vous n’allez pas prétendre qu’on est à Menton !
Je goûte* des loisirs avec circonspection :
Au Loto, je n’ai pas décroché le million !
Bérénice  —
Nous sommes en effet à dix pas du salon,
Mais je fais le service comme un échanson !
Tantôt vous vous flattiez de votre condition,
Devant moi maintenant, vous faites le bougon.
Votre serviteur  —
Je demande merci : laissez là le sermon.
Entre nous, en vacances, jamais de friction.
Les heurts et les conflits ne sont pas de saison.
Reprenons la séance de relaxation.

 

Chr. alias Bérénice & votre serviteur ont écrit le 01/08/23 :

Bérénice  —
Vous me l’aviez promis : lui avez-vous parlé ?
Elle a un prix, notre voiture intelligente
Et notre budget prend une mauvaise pente !
N’allez pas pleurnicher quand vous serez ruiné !
Votre serviteur  —
Je lui en ai évidemment touché un mot 
Mais elle a répondu se sentir mal-aimée* :
Elle entend regagner l’usine où elle est née
Et je crains une fugue si j’insiste trop !
Bérénice  —
La futée, je le vois, se laisse dorloter !
Qu’elle cherche un travail ! C’est simple, j’imagine :
Qu’elle fasse modèle pour un magazine,
Ou berline-sandwich  , ou simplement coursier.
Votre serviteur  —
Vous-même, parlez-lui, si vous savez comment !
Non ! Un mot malheureux, il serait regrettable
Qu’elle sautât d’un pont, car je l’en crois capable,
Ou qu’elle s’écrasât sur quelque bâtiment !
Ensemble  —
S’anéantirait-elle avec nous à son bord ?
Oserons-nous encor voyager avec elle ?
Revendons-la avant qu’elle fasse la belle
Ou qu’un geste fatal ne scelle notre sort !

 

Votre serviteur & Chr. alias Bérénice ont écrit le 28/08/23 : 

Votre serviteur  —
Ah ! Je me réjouis que ce soit la rentrée,
Pour avancer en douce la rime qui siée !
Bérénice  —
Ne vous inquiétez pas : votre projet m’agrée.
Sachez que j'apprécie assez pareille idée.
Ensemble  —
Nous allons procéder illico et d’emblée
Aux vérifications de routine installée
Et pointerons la liste expressément dressée,
Veillant à ce que chaque case soit cochée.
À l’heure où nous parlons, la route est dégagée.
Aucune anomalie n’a été signalée.
Température au-dessus du point de rosée.
Niveau de la mer comme, heu… à l’accoutumée !
Humidité de l’atmosphère modérée, 
L’air est bon, le vent faible et belle la marée,
Dont on vous dira l’heure en début de soirée.
Le Ciel est ce qu’il est, la Terre est bien lunée.
L’âge du capitaine passe à la pesée,
Le poids de ses années fixant sa renommée.
Or, nous vous souhaitons la très belle journée,
Intéressante et fructueuse traversée. 
 Les noms de métiers de la dernière strophe sont des mots imaginaires obtenus par permutation de leur terminaison avec celle du mot voisin. Ils sont donc ignorés des dictionnaires.

En 2021 déjà, le procédé était appliqué à des noms de municipalités bruxelloises.
 Avant de rendre son dernier souffle, Cyrano déclare :

« Non ! non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile ! »

Edmond ROSTAND, Cyrano de Bergerac, Acte V, scène 6
  « Des rires et des champs, on reprend le chemin » :

La formule est le subtil amalgame, le lecteur l’aura deviné,
entre les deux expressions « des rires et des chants » et
« la clé des champs ».
  Pour avancer en douce la rime qui siée ! » (qui convienne) :

Comme la substitution d’un synonyme au verbe seoir   le montre, le mode requis dans la relative marquant le but ou la conséquence est le subjonctif.
 Or

ou ses variantes ore ou ores
se disaient anciennement pour Maintenant, nous apprend l’Académie.
  « Margot » est le diminutif de Marguerite.

Clément MAROT se mit au service de Marguerite d’Angoulème (duchesse d’Alençon), sœur de François Ier  .

Ne la confondons pas avec Marguerite de France
(ou Marguerite de Valois), sœur de François II,
surnommée « la reine Margot »  .

Toutes deux étaient femmes de lettres. La première mourut quelques années avant que naquît la seconde.
  Le « saint-frusquin » :

nom composé familier formé de saint (un saint imaginaire, comme sainte Nitouche ou la saint-glinglin) et du nom argotique frusquin : « habit », retrouvé dans « frusques » ;

biens matériels mobiliers que possède quelqu’un ;
synonymes : attirail, barda, bastringue, bataclan, bazar, fourbi.
  « Le changement dans la continuité » :

Slogan de campagne de Georges Pompidou
suite aux événements de mai 68 et du référendum d’avril 69
provoquant la démission de Charles de Gaulle  .
  « Non-anniversaire » :

Concept imaginé par Lewis CAROLL
dans la suite d’Alice au pays des merveilles :
De l’autre côté du miroir, chapitre VI, Le Gros Coco.
 jeter le silex :

Comme dans l’expression sur l’échine nous tombe  ,
le lecteur avait reconnu l’expression
« tomber sur le dos de quelqu’un »,
le lecteur reconnaît ici l’expression « jeter la pierre »  .
 Grand œuvre :

« Œuvre était masculin dans le style soutenu, pour des œuvres dont on voulait rehausser le mérite.
» Cet emploi est tombé en désuétude ; tout au plus pourrait-on essayer de s’en servir dans la poésie en quelques cas choisis », remarque Littré.

Le Trésor de la Langue française informatisé indique :
« II - Au masculin, C. Alchimie, au figuré : Entreprise d’une importance capitale, création d’une valeur exceptionnelle ».
 Certes, adverbe :

« Les dictionnaires signalent que l’s final peut être supprimé par licence poétique », précise en remarque
le Trésor de la Langue française informatisé.

Littré cite en remarque quelques exemples sous la plume de Michel Marot (le fils de l’illustre Clément) et de Victor Hugo.
 Alphonse Daudet écrivait :

« d’un doigté balourd et bègue »  .
 Zig, n. m. (Populaire) :
Bon camarade, gai compagnon  .
On connaît mieux zigomar et zigoto, affectés d’une nuance péjorative.
 Diphtongue, n. f. :
Pour ceux qui s’inquiètent de la question, qu’ils sachent
que le mot s’orthographiait diphthongue jusqu’en 1878 ;
que la diphtongue, au sens strict, était d’usage en ancien français mais a disparu de la langue française contemporaine ;
que le français québécois et le wallon possèdent cependant encore des diphtongues.