Alain Cise & votre serviteur ont écrit le 01/01/25 :
Alain Cise —
Personne ne vous lit : pourquoi vous torturer
À composer des vers avec une constance
Que je salue ici, vous confiant cette stance
Que vous n’enverrez pas, je suppose, au panier ?
Votre serviteur —
Personne ne m’écrit : pourquoi faire exception
Me faisant parvenir une curieuse strophe ?
En réponse, voici les vers que je vous offre :
Les mettre sur papier ne fut point affliction.
Si l’on ne me lit point, que l’on ne m’écrit point,
J’aime toujours écrire, et j’aime me relire ;
Et, comme destinée, on peut connaître* pire :
Par exemple, étant lu, se voir montrer du poing.
Je n’écris d’ailleurs pas pour le moment présent ;
Pour les générations futures sont écrites
Mes immortelles lignes, patiemment construites :
Elles rencontreront un jour le firmament.
Je n’écris pas pour qu’on me lise incessamment :
L’espoir d’être lu plus que le bonheur de l’être
M’épargne déception et de joie me pénètre ;
Ne lisez pas ces vers, Monsieur, de mon vivant.
Post-scriptum* : Ayant lu, vous savez maintenant ;
Vous êtes pris au piège, il ne fallait pas lire !
Oh ! Je ris seulement de moi-même et ce rire
Devrait me conserver encore très longtemps !
En 2021, j’émis le souhait que le sept cent quatorzième*Meyboom, coupé dans la forêt de Soignes la veille de la Saint‑Laurent, fût emporté sur un triqueballe tiré par deux chevaux avant que les bûûmdroegers ne prissent le relais*pedibus* cum jambis.
L’improbable ne s’est pas (encore) réalisé mais voici les premiers couplets et le refrain de cette ballade de mon cru – qui aurait pu s’intituler Ballade pour une balade.
Bon succès à la sept cent dix-septième* plantation !
Le « flâneur point solitaire »
paraphrase le titre
« La Rêverie du promeneur solitaire »
dont l’auteur est Jean-Jacques ROUSSEAU.
Pierre HAMP (1876-1962)
Familier de Péguy, Gide, Alain, il écrit Marée fraîche en 1913.
Voici la phrase exacte figurant à la page 37 de l’édition de 1918,
Éditions de la Nouvelle Revue française - Gallimard :
« Le vent soufflait d’une grande haleine régulière qui maintenait, tendus raides vers le Sud, sans une défaillance, les pans d’habits des gens aventurés
au bout de la jetée où les paquets de mer vaporisaient de l’embrun. »
Le Trésor de la Langue française informatisé rapporte la citation sous le terme embrun.
À la fortune du mot
Votre serviteur détourne habilement l’expression originale À la fortune du pot.
Réseau pensant :
La formule renvoie au réseau neuronal de l’intelligence artificielle.
Le lecteur devine le clin d’œil à la métaphore de Blaise PASCAL :
« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature,
mais c’est un roseau pensant. » (Pensées, fragment 347 de l’édition de Brunschvicg)
Opinion trop avantageuse que l’on conçoit de soi-même.
« Ricancaner », « rigoogler » et « riomphe »
sont des amalgames lexicaux conçus par votre serviteur,
où le lecteur reconnaît* :
« ricaner » et « cancaner »,
« rigoler » et « Google », ainsi que
« rire » et « triomphe ».
Alphonse Daudet écrivait :
« d’un doigté balourd et bègue » .
Zig, n. m. (Populaire) :
Bon camarade, gai compagnon . On connaît mieux zigomar et zigoto, affectés d’une nuance péjorative.
Diphtongue, n. f. :
Pour ceux qui s’inquiètent de la question, qu’ils sachent
que le mot s’orthographiait diphthongue jusqu’en 1878 ;
que la diphtongue, au sens strict, était d’usage en ancien français mais a disparu de la langue française contemporaine ;
que le français québécois et le wallon possèdent cependant encore des diphtongues.
« Sans pétrole, vous n’êtes pas sans invention » :
Le vers est une allusion évidente au slogan des années septante : « En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées »
(Bibliothèque de Lyon)