Alain Cise & votre serviteur ont écrit le 01/01/25 :
Alain Cise —
Personne ne vous lit : pourquoi vous torturer
À composer des vers avec une constance
Que je salue ici, vous confiant cette stance
Que vous n’enverrez pas, je suppose, au panier ?
Votre serviteur —
Personne ne m’écrit : pourquoi faire exception
Me faisant parvenir une curieuse strophe ?
En réponse, voici les vers que je vous offre :
Les mettre sur papier ne fut point affliction.
Si l’on ne me lit point, que l’on ne m’écrit point,
J’aime toujours écrire, et j’aime me relire ;
Et, comme destinée, on peut connaître* pire :
Par exemple, étant lu, se voir montrer du poing.
Je n’écris d’ailleurs pas pour le moment présent ;
Pour les générations futures sont écrites
Mes immortelles lignes, patiemment construites :
Elles rencontreront un jour le firmament.
Je n’écris pas pour qu’on me lise incessamment :
L’espoir d’être lu plus que le bonheur de l’être
M’épargne déception et de joie me pénètre ;
Ne lisez pas ces vers, Monsieur, de mon vivant.
Post-scriptum* : Ayant lu, vous savez maintenant ;
Vous êtes pris au piège, il ne fallait pas lire !
Oh ! Je ris seulement de moi-même et ce rire
Devrait me conserver encore très longtemps !
Votre serviteur, Chr. alias Bérénice & le chœur ont écrit le 01/02/25 :
Votre serviteur —
J’ai septante-cinq ans : oui, j’ai atteint cet âge !
À mes parents, je dis merci de m’avoir fait ;
À la Terre et au Ciel, qui ne m’ont point défait :
J’ai pu mener ma barque en ce point sans naufrage.
Bérénice —
Vos soixante-quinze ans, ne les fêtiez-vous pas
Le trente-trois janvier , si bonne est ma mémoire ?
Serait-ce chaque jour votre journée de gloire ?
Le lendemain n’est pas la veille, en tous les cas.
Votre serviteur —
Il n’était pas question du jour mais des années :
Je vous montre le Ciel, vous regardez le doigt ;
Je parle d’une vie, vous tiquez sur le mois !
Comprenez mes remarques comme formulées.
Bérénice —
Je comprends le message : vous vous sentez vieux ;
Car vous avez atteint comme une infinitude :
Vain le calcul des jours, c’est une certitude
Quand, de l’éternité, on se lierait au pieu !
Le chœur —
Comment peut-on communiquer si plaisamment
En opposant des points de vue antinomiques ?
Ils trouvent leur bonheur dans le jeu des répliques,
Feignant le désaccord pour le simple agrément.
Votre serviteur a écrit le 01/03/25 :
La planète est notre affaire
De la belle planète, qu’en a donc fait l’homme ?
Son empreinte carbone tend à s’alourdir,
La canopée ne cesse de se rétrécir,
Avec la pollution, comment survit le biome ?
Trop de palmeraies nuit, la forêt périclite,
Cessons de débrousser et chasser le vivant,
Que l’abeille butine encore dans le champ,
Ne glanons pas sans nous fixer une limite.
Et rendons électrique l’énergie solaire,
Des marées et du vent ; faisons-en notre affaire :
Soyons conséconscients ou bonjour les dégâts !
Quand on y réfléchit, c’est une triste chose :
La nature lui parle et l’homme n’entend pas,
Notait Victor Hugo, en substance et en prose.
Votre serviteur a écrit le 01/04/25 :
Il fallait que je le fisse, ce texte,
Sans rime ni queue,
Sans tête ni raison,
Sans attendre ni trop en attendre :
S’en dégage que pourra !
Cent fois oui, il le fallait !
Libérée de toutes les règles
Censées la servir mais l’asservissant,
Centrée résolument sur le
Sensationnel, cette composition
S’envole par-dessus les
Sempiternels et pesants poncifs.
Conçu par un as délaissant tout as-
Cendant ni plumes sur quiconque,
Sentant le bon mot prochain, inno-
Cent, cible désignée, pour avoir ri à
S’en décrocher les mâchoires, ce poème
Sent le filet de pêche à plein nez.
Ce sonnet, vous l’avez peut-être remarqué, ne respecte pas la stricte disposition des rimes qui doivent être les mêmes dans les deux quatrains (abba).
Comme il y a trois ans, votre serviteur n’a pas résisté
à la tentation de participer au concours organisé
par les Poètes de l’amitié.
Il s’agissait de composer un poème de vingt vers au plus, qui inclût les dix mots de la campagne Dis-moi dix mots pour la planète
et la citation de Victor HUGO : « C’est une triste chose de songer que la nature parle
et que le genre humain n’écoute pas. » (Carnets, 1870)
Sur le thème de la protection de l’environnement, voyez aussi ce commentaire.
Les vers de ce poème sont dits blancs car non rimés
et libres car de longueur variable.
L’anaphore (phonétique) en tête de chaque vers, hormis le premier de chaque strophe,
et les strophes ainsi délimitées assurent au poème sa structure.
En 2021, j’émis le souhait que le sept cent quatorzième*Meyboom, coupé dans la forêt de Soignes la veille de la Saint‑Laurent, fût emporté sur un triqueballe tiré par deux chevaux avant que les bûûmdroegers ne prissent le relais*pedibus* cum jambis.
L’improbable ne s’est pas (encore) réalisé mais voici les premiers couplets et le refrain de cette ballade de mon cru – qui aurait pu s’intituler Ballade pour une balade.
Bon succès à la sept cent dix-septième* plantation !
Pierre HAMP (1876-1962)
Familier de Péguy, Gide, Alain, il écrit Marée fraîche en 1913.
Voici la phrase exacte figurant à la page 37 de l’édition de 1918,
Éditions de la Nouvelle Revue française - Gallimard :
« Le vent soufflait d’une grande haleine régulière qui maintenait, tendus raides vers le Sud, sans une défaillance, les pans d’habits des gens aventurés
au bout de la jetée où les paquets de mer vaporisaient de l’embrun. »
Le Trésor de la Langue française informatisé rapporte la citation sous le terme embrun.
À la fortune du mot
Votre serviteur détourne habilement l’expression originale À la fortune du pot.
Ce jeu de mots est le nom donné par Bruno Dewaele à son site.
Réseau pensant :
La formule renvoie au réseau neuronal de l’intelligence artificielle.
Le lecteur devine le clin d’œil à la métaphore de Blaise PASCAL :
« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature,
mais c’est un roseau pensant. » (Pensées, fragment 347 de l’édition de Brunschvicg)
Opinion trop avantageuse que l’on conçoit de soi-même.
« Ricancaner », « rigoogler » et « riomphe »
sont des amalgames lexicaux conçus par votre serviteur,
où le lecteur reconnaît* :
« ricaner » et « cancaner »,
« rigoler » et « Google », ainsi que
« rire » et « triomphe ».
Alphonse Daudet écrivait :
« d’un doigté balourd et bègue » .
Zig, n. m. (Populaire) :
Bon camarade, gai compagnon . On connaît mieux zigomar et zigoto, affectés d’une nuance péjorative.
Diphtongue, n. f. :
Pour ceux qui s’inquiètent de la question, qu’ils sachent
que le mot s’orthographiait diphthongue jusqu’en 1878 ;
que la diphtongue, au sens strict, était d’usage en ancien français mais a disparu de la langue française contemporaine ;
que le français québécois et le wallon possèdent cependant encore des diphtongues.
« Sans pétrole, vous n’êtes pas sans invention » :
Le vers est une allusion évidente au slogan des années septante : « En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées »
(Bibliothèque de Lyon)