Et cette semaine même, pratiquement au même endroit que plus de quarante ans plus tôt, je vis miroiter sur mon pare‑brise comme un reflet de blancheur en forme de parallélogramme dont les angles auraient été étirés ou, plutôt, dont les côtés eussent été pincés… Non ! le reflet ne glissait pas sur la vitre, mais sur la route !
Je n’allais pas l’écraser ! Je ralentis. Non ! je me dis que c’était ridicule : mon véhicule était inutile ! J’en sortis, et il disparut. J’avançais encore, comme si je glissais.
C’était bien ça : la vie semble un décor mais ce décor n’est pas notre vie !
Ici s’édifia sous mes yeux en quelques secondes, comme au cinéma quand les images s’accélèrent, une tour de trente étages ; là, un pont à cinq arches ; plus loin disparaissait le château, ses donjon, pont‑levis et chapelle ; une prairie où paissaient une douzaine de vaches devenait un lac bordé de pêcheurs protégés d’un parasol…
Je me hasardai à supprimer la couleur verte : rien de plus aisé ! Je multipliai les sources : partout apparurent des fontaines ou des geysers !
J’entrai dans le moulin à vent de Saintes, que les Flamands appellent « molen van Hondzocht », chaussée d’Enghien.
Je quittai la Terre, je gardai ma clairvoyance.
Fin ou Suite
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